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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 13:23

parentsOn apprenait hier qu’une députée UMP et pédiatre, Edwige Antier, compte émettre une proposition de loi contre tout châtiment corporel infligé à l’enfant. En ligne de mire : la fessée. Mais le texte viserait, sur le modèle de ses partenaires européens, d’interdire tout acte de violence envers l’enfant. Il ne s’agit pas de la question des enfants battus, heureusement déjà réprimandée par la loi, il s’agit d’interdire toute punition d’un père ou d’une mère envers son enfant qui se traduise par un acte de violence, aussi petit soit-il. Imaginez la tête des vendeurs de martinet ! Finis les « marti-fouet » de nos amis Les Inconnus, finie la tannée, la bonne theha, les oreilles tirées, finie la bonne tarte de Bayrou pour une présidentielle ! Les hommes forts n’auront plus l’avantage sur leur enfant. Ils seront, comme la mère, faibles, impuissants. Si seulement ils avaient voté cette loi il y a 15 ans, je me serais senti aussi fort que mon père et ses 120 kilos. Eh oui ! La pacification du monde, toute relative, toute hypocrite, s’introduit au sein même du foyer familial, privé.

 

Rien n’est encore fait bien entendu, mais la députée de droite est soutenue, bien sûr, par des associations comme « Eduquer sans frapper ». Selon ces experts, ces psychologues, lever la main sur l’enfant pour une bonne petite fessée serait inefficace et aurait des répercussions négatives sur l’enfant. Evidemment. On se demande bien sur quelle étude statistique ils se fondent. Des études de cas ? Quelques patients ? Une société moins violente, plus violente ? La Civilisation des mœurs de Norbert Elias ? Mais n’en doutons pas, ce sont sûrement des gens sérieux, professionnels et qui plus est ont l’exemple étranger.

 

EnfantsPourtant, la mesure a ses travers. En Allemagne donc, un homme ayant donné une petite gifle à son enfant se serait vu dénoncé par sa voisine (sympa), et puni d’une amende. Pour se consoler on peut se dire que la peine est minime. Il y a pourtant de quoi s’interroger. A l’heure où on ne pratique plus la peine de mort, où les tueurs, les violeurs, les pires salauds sont traités avec un égard qu’ils ne méritent pas et punis de peine bien légères au regard des méfaits commis ; les pères et mères de familles, eux, seraient préjudiciables d’une petite theha (une bonne claque). Une vraie contradiction. Pire, la dénonciation interpelle. Certains autrefois ont défini le totalitarisme par la dénonciation familiale. Lorsque votre fils vous fait mettre en prison pour une pensée, un propos, les choses sont graves. On n’en est pas encore là et la peine encourue aujourd’hui n’est bien entendue pas comparable. Mais enfin le problème existe. Avec une telle loi vous ne pourrez plus contrôler vos enfants dans la rue, car qui sait, on vous regarde peut-être ! Et les enfants peuvent être difficiles. Qui ne sait jamais trouver embarrassé devant un enfant pourri-gâté qui crie en pleine rue et qui n’en fait qu’à sa tête. Il faut l’admettre, le priver de dessert n’est pas toujours efficace non plus.

 

En 68, les jeunes avaient raison parce qu’ils étaient jeunes, nous disait Sartre. C’est au tour des enfants. Fini la menace de la force. 68 a tué l’autorité. Elle s’apprête à mourir une seconde fois. Et si les enfants devenaient les égaux des parents ? Quelques réflexions qui rappellent quelques utopies qu’on croyait avoir dépassées. Dites-moi Mme Antier, UMP, avec tout le respect que je vous dois, ne flirtez-vous pas avec la société toute permissive?

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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 11:59

 

Gordon Thomas, Mossad. Les nouveaux Défis, Paris : Editions nouveau monde, novembre 2006, traduit de l’anglais par Mickey Gaboriaud, préface d’Eric Denécé

 

 Gordon-Thomas.-Mossad.-Les-NouveauxDefis.png

 

L’auteur du best-seller Histoire secrète du Mossad et des Armes secrètes de la CIA récidive ici avec Les nouveaux défis du Mossad. Gordon Thomas, beau-fils d’un ancien agent du MI-6, les services secrets britanniques, qui dispose de nombreux contacts et d’une proximité de confiance avec de nombreux dirigeants du renseignement dans le monde, au Mossad, à la CIA ou au sein des services secrets britanniques, regroupe ici les informations qu’il a accumulées jusqu’à la guerre du Liban de 2006. L’ouvrage a tout pour plaire au grand public : une belle couverture faite de papier glacé, de grandes révélations dès la 4e de couverture et la préface d’Eric Denécé, Directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), de l’action et des grands faits. Notre impression, elle, est plus mitigée.

Après une cinquantaine de pages, j’eus presque envie d’arrêter là ma lecture, n’y voyant qu’un mauvais livre avec juste quelques retentissements. Les choses se modèrent ensuite quelque peu. Mais on ne peut empêcher d’y voir un livre d’espionnage moins réussi que les grandes séries américaines qui maintiennent le suspens à chaque épisode. Les mêmes histoires sont pourtant au rendez-vous : vols de secrets nucléaires américains par le CSIS, les services secrets chinois ; tentative d’attentat nucléaire dans quelques grosses villes américaines par des terroristes d’Al Qaïda ou encore infiltrations d’un côté comme de l’autre, on nage parfois dans le 24 heures chrono ou le sleeper cell. Mais là où ces séries télévisées font de la fiction, Gordon Thomas parle lui de la réalité. En terme de recherche scientifique, le livre n’a bien sûr aucune crédibilité puisqu’il ne repose sur aucune source ou archive accessible et disponible. Par définition, l’auteur révèle ce qu’on a bien voulu lui confier, sans citer ni sources ni noms si ces personnes sont encore en exercice ou ne lui ont pas permis de les citer. C’est donc un pur travail de type journalistique avec tous les défauts qui y sont attachés. Gordon Thomas livre parfois au lecteur des faits qu’il n’a pas pu recouper mais il les donne néanmoins et fait ainsi sensation. On ne sait pas bien qui a tué Lady Diana mais on comprend que la CIA conserve des cassettes qu’elle refuse de donner au richissime Al Fayed, pour raisons de sécurité nationale. On sait aussi que le Mossad s’intéresse de près à l’affaire. On doit faire confiance à l’auteur et à ces indics. Il précise lui-même à chaque fois qu’il a eu une copie d’un document devant les yeux, mais celui-ci étant secret on ne lira aucune note de bas de page. Thomas nous dit qu’il n’a pas connaissance qu’on lui ait déjà menti et il répète qu’on lui demande simplement de relater les faits tels qu’ils se sont déroulés. Mais parce qu’il n’a qu’une version des choses en main, qu’il ne peut rien vérifier réellement par lui-même, il se peut aussi que la moitié de ce qu’il raconte soit faux. C’est possible.

Le livre a aussi le défaut d’une écriture journalistique un peu trop collée aux simples faits, qui manque d’enjolivement, qui correspond trop souvent à des livres écrits par des journalistes. C’est-à-dire parfois peu plaisants à la lecture, trop bruts, trop peu littéraires. Mais on s’amuse et s’inquiète aussi en voyageant à travers le monde et les différents instituts de renseignement : pas seulement le Mossad, mais aussi bien sûr la CIA et le FBI, le MI-6 et le MI-5, la DST et la DGSE (les services secrets français) ou encore le CSIS, le Shin beth (les services de sécurité intérieure israéliens) et occasionnellement les services secrets allemand, italien, espagnol, etc. On se familiarise aussi avec les unités spéciales du Mossad : les kidons (l’unité de tueurs), les Yahalomin (ceux qui écoutent les conversations enregistrées secrètement) ou les katsas (ceux qui observent et renseignent d’un peu partout). On parcourt aussi les différents points de tension dans le monde : Irak, Afghanistan, Irlande, Corée du Nord, Pakistan et Inde au Cachemire et le Moyen-Orient bien entendu. C’est en fait un livre intéressant du point de vue géopolitique, même s’il ne contient pas la rigueur qui doit être celle d’un universitaire. On s’incruste dans les réunions de défense israélienne, dans les exercices-fiction mis au point par le Pentagone, dans les milieux terroristes à la recherche d’armes chimiques, biologiques, de bombes sales et de virus. Malgré un vocabulaire qui n’est pas toujours des plus scientifiques, Gordon Thomas peut aussi par son livre, espérer réveiller quelques naïfs, adeptes du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Les menaces existent et il nous le fait bien comprendre, le renseignement et la lutte contre le terrorisme notamment coûte aussi très cher, c’est également un élément important. Les terroristes n’ont aussi ni pitié, ni bon sentiment. Leur lutte n’est pas révolutionnaire dans le bon sens du terme, elle est des plus réactionnaires, racistes et antisémites. C’est pourquoi les espions doivent exercer aux quatre coins du monde, avec des indics qui se paient chers et des opérations qui se préparent longuement.

 

Bref, au passionné des livres d’espionnage (ce que je ne suis pas), ce livre sera peut-être incontournable, aux autres il sera peut-être distrayant. Enfin à ceux que les histoires d’espions emballent peu, aucun doute qu’il sera ennuyeux.

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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 23:19

                                   Quand Ahmadinejad se mêle de la Shoah

 

 

ahmadinejadC’était la veille du « Jour de la Shoah » en Israël, quelques heures avant que le pays ne ferme magasins, restaurants, institutions, peu avant les commémorations annuelles de la « destruction des Juifs d’Europe »[1]. Mahmoud Ahmadinejad à Genève, fier et souriant comme à son habitude, accusait Israël d’être un « Etat raciste », fondé « sous prétexte » des crimes commis pendant la seconde guerre mondiale. Certes l’accusation n’est pas nouvelle et les pays arabes tout comme les fervents antisionistes de toute sorte l’utilisent comme argument anti-israélien depuis des années.

Mais il faut avant tout remarquer qu’Ahmadinejad, loin d’être un leader progressiste et tolérant qui ferait de lui un redoutable donneur de leçons, est à la tête d’un des pires régimes de la planète, soutien de l’Ayatollah Khamenei et avant lui de Khomeiny, oppresseur de son propre peuple et honte à la grande culture iranienne, à son histoire et à ses nombreux réformistes. L’Etat d’Israël n’a donc vraiment pas de leçon à recevoir d’un tel dictateur.

 

 

                                   Le mythe de l’Etat d’Israël né de la Shoah

 

Israël flagIl faut ensuite déconstruire le mythe, si populaire et tenace, qu’Israël serait le résultat de la Shoah, Etat-Shoah né du complexe européen d’avoir laissé mener les Juifs à l’abattoir sans lever le petit doigt. C’est de ce mythe que vient l’argument antisioniste que les Arabes de la région n’ont pas à payer pour les crimes des Européens.

Georges Bensoussan, historien spécialiste de la Shoah et du sionisme, rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah, se fait l’un des meilleurs combattants du mythe dans son ouvrage Un nom impérissable : Israël, le sionisme et la destruction des Juifs d’Europe (1933-2007), datant de 2008[2]. Il y rappelle avec raison les textes fondateurs de l’Etat d’Israël et du mouvement sioniste, qui n’ont pas grand-chose à voir avec la seconde guerre mondiale : la Déclaration Balfour de 1917, le « mandat » officiel de la SDN en avril 1920 pour des « conditions permettant l'établissement d'un foyer national juif et le développement d'institutions d'auto-gouvernement », ou encore la commission britannique Peel en 1937 qui propose un premier projet de partition, accepté par les Juifs et refusé par les Arabes. Il fait encore la lumière sur l’immigration arabe entre 1917 et 1937, dont la population, attirée par la prospérité du pays sous l’influence du mouvement hébreu, double en 20 ans. Bensoussan n’hésite pas non plus à mentionner l’immigration massive dont aurait pu bénéficier la région si, à l’inverse, la Shoah n’avait pas eu lieu et que les 6 millions de Juifs assassinés étaient restés en vie. Bref, l’Etat d’Israël ne découle pas de la Shoah et résulte d’un processus bien antérieur.

 

 

 

                                               La place de la Shoah en Israël

 

Herzl et IsraëlToutefois il serait faux de nier que nombre sont ceux en Israël même pour qui l’Etat d’Israël est avant tout l’Etat abri, refuge, foyer, destiné à accueillir et protéger les populations juives menacées par l’antisémitisme. Contenue dans l’œuvre d’Herzl, l’idée est reprise par le mouvement herzélien et ses dirigeants[3]. Dans cette perspective la Shoah fait d’Herzl un prophète qui perçoit bien avant l’heure le danger qui menace les Juifs en Europe. Or, s’il est légitime que la Shoah prenne une place primordiale dans un Etat qui se perçoit comme l’héritier de toute l’histoire juive, il convient de le démarquer clairement de la justification de l’Etat. S’il est tout à l’honneur de l’Etat d’Israël également d’entendre servir de refuge aux Juifs menacés de par le monde, ceci ne saurait constituer le fondement de son identité. Etat du peuple d’Israël, son origine, son histoire, son patrimoine et ses valeurs dépassent l’idée de refuge et proclament des valeurs à l’origine de notre civilisation occidentale toute entière.

 

 

                                               Perceptions divergentes de la Shoah

 

Reste que la Shoah néanmoins affecte de nombreuses formes de pensée et limite la compréhension de nombreux phénomènes. Si on se doit de lui faire une place importante de par sa gravité et sa signification, il convient aussi de l’user à bon escient.

Aussi est-il intéressant de constater et d’analyser le rapport à la Shoah dans différents domaines.

Au sujet de l’Etat d’Israël, deux courants d’idée s’opposent bien souvent. Celui pour qui l’Etat d’Israël est l’Etat abri que nous décrivions plus haut, et celui selon lequel ce même Etat est surtout celui du renouveau moderne de la culture hébreue et juive, successeur des Etats de l’antiquité et de toute l’histoire juive. Il va de soi, évidemment, que ces deux formes de pensée s’entrechoquent dans le débat public comme en chacun.

Mordehai-Anielewicz.jpgDeux interprétations divergent encore par exemple sur l’organisation des cérémonies du printemps en Israël. Le « Jour de la Shoah » en effet, précède d’une semaine le « Jour du Souvenir aux combattants de Tsahal », lui-même aussitôt suivi, le lendemain, du jour de l’indépendance. Ce dernier marque, selon la date hébraïque, la proclamation de l’Etat d’Israël par Ben Gourion le 5 Iyar 5708 (14 mai 1948). Le « Jour de la Shoah », conçu en 1951 et légiféré en 1959, devait à l'origine se commémorer le 14 Nissan, correspondant à la date d’anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie menée en avril-mai 1943 par le militant sioniste Mordehaï Anielewicz[4]. Mais  le 15 Nissan est le début de la fête de Pessah, la Pâques juive, et une réjouissance, ce qui a posé un certain nombre  de difficultés et n'a donc pas réuni de majorité. Il a donc été repoussé au 27 Nissan, soit 8 jours avant le jour de l'indépendance d'Israël et 7 jours avant Yom Hazikaron, consacré à la mémoire des soldats morts au combat et des victimes du terrorisme. Aussi pour certains, ce cycle Shoah-Tsahal-Indépendance vient illustrer une instrumentalisation de la Shoah par Ben Gourion, faisant de la Shoah l’élément catalyseur de l’Etat[5]. Pour d’autres en revanche, le choix de la référence à l’Ultime révolte (dans la première intention du législateur) marque symboliquement l’esprit de défense inhérente au sionisme, l’idée du Sabra faisant refleurir le désert, les valeurs du pionnier et du soldat combattant et résistant à l’oppression, par opposition aux juifs faibles de la diaspora, quelque peu méprisés pour leur inaction et leur passivité[6].On ne peut que constater que les deux notions sont passées par l'esprit du législateur, la seconde a triomphé en terme de dates, de processus et on peut le regretter. (Notons toutefois que les cérémonies de Yom Hatzmaout, le jour d'indépendance, célèbrent l'ensemble de l'histoire d'Israël, bien avant la Shoah : implicitement les différentes perceptions sont traduites par le symbolisme des dates et des cérémonies).

 

 

 

                                                           La Shoah au quotidien

 

Gille-William-Goldnadel.jpgEnfin le rapport à la Shoah, si omniprésent dans nos sociétés occidentales modernes, a également un double effet dans l’approche de faits les plus divers. Gille William Goldnadel, dans son brillant essai sur Les Martyrocrates, publié en 2004[7], démontre comment le « big-bang » Shoah a, avec retard et à partir des années 60 et 70, provoqué en Europe de l’Ouest et en France particulièrement, la détestation de l’Etat moderne occidental, coupable d’être à l’origine du nazisme et donc d’Auschwitz. Il y dénonce l’idée « shoatique » ou le « tout Shoah » de la vie quotidienne, provoquant des situations des plus grotesques où le juif d’Auschwitz est érigé en modèle que d’autres après lui incarnent (notamment les descendants des anciens pays colonisés par l’Europe) tandis que le nouveau Juif transformé par le « séisme Tsahal » est son contraire et  assimilé à son bourreau. Par ailleurs, dans un domaine plus spécifique, je montre moi-même dans un article de 2008[8], l’idéologie « shoaïste » qui envahit la pensée intellectuelle française et occidentale, y compris en Israël, selon laquelle tout acte de répression est assimilé en une « réductio ad hitlerum »[9] à la violence nazie, aux S.S., et constitue un premier pas vers Auschwitz. Une pensée qui, cumulée à l’idée d’Israël comme Etat Shoah, protecteur des persécutés à travers le monde, entraîne via un regard idéologisé et simpliste du conflit israélo-arabe, une condamnation d’autant plus forte du petit Etat hébreu. Cette idéologie toutefois a, elle aussi, son contraire que je nomme sous le terme d’ « alter-shoaïsme »[10], désignant une tendance au repli défensif faisant de toute critique ou attaque contre Israël une forme d’antisémitisme et une nazification du critique. Une tendance qui donc, là encore, poussée à l’extrême, « shoatise » le quotidien.

 

 

En réaction au discours du président de la République islamique d’Iran à la conférence de Durban II le lundi 20 avril dernier, le président de la Knesset Reouven Rivline dans un courrier adressé à ses homologues de par le monde, faisait d’Ahmadinejad un nouvel Hitler et affirmait qu’une nouvelle Shoah est « susceptible de se produire à nouveau, amenée par des personnes comme lui »[11]. Sans nier le danger que représente la République islamique d’Iran aujourd’hui et le risque pour le monde que serait de voir cet Etat se doter de l’arme nucléaire, on perçoit ici comment la Shoah nous transcende et comment son idée même nous colle à la peau, envers et contre tout.

 

 

 


[1] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, Paris : Gallimard, 2006 [1988 1e édition en français]

[2] Georges Bensoussan, Un nom impérissable : Israël, le sionisme et la destruction des Juifs d’Europe (1933-2007), Paris : Editions du Seuil, 2008.

Il est aussi l’auteur d’un joli et très utile pavé d’Une histoire politique et intellectuelle du sionisme, Paris : Fayard, 2002, 1079 p.

[3] Cette idée est aussi soutenue et diffusée par le film de Claude Lanzmann, Pourquoi Israël, de 1972. Réduire Israël à la Shoah, c’est pourtant s’exposer à de sérieuses critiques.

[4] François Thual, Frédéric Encel, Géopolitique d’Israël, Editions du Seuil, octobre 2006, article « Shoah »

[5] Outre l’accusation d’instrumentalisation radicale de la Shoah par l’Etat d’Israël venant des antisionistes prêts à saisir tout prétexte pour condamner l’Etat dans son ensemble, on trouve cette critique dans des milieux divers, opposés notamment à la politique de Ben Gourion dans ses rapports avec l’Allemagne post-nazie. Voir entre autres David André Belhassen, Gérard Nissim Amzallag, La Haine maintenant ? Sionisme et palestinisme. Les 7 pièges du conflit, Paris : Editions de la Différence, avril 2006

[6] C’est aussi ce que montre Georges Bensoussan

[7] Gille William Goldnadel, Les Martyrocrates, Dérives et impostures de l’idéologie victimaire, Paris : Plon, février 2004

[8] Misha Uzan, « Israël et les intellectuels français, 1967-1982 » in Controverses, Les Palestiniens à l’épreuve de la paix, Paris : Editions de l’Eclat, n°7, février 2008. La réflexion tout comme le terme « shoaïste » est tirée avant tout de mon mémoire universitaire de fin de second cycle : Misha Uzan, Images et compréhension du conflit israélo-arabe par les intellectuels français, 1967-1982, Paris : Institut d’Etudes Politiques de Paris, juin 2007, sous la direction de Jean-François sirinelli

[9] Terme employé dès 1953 par le philosophe politique Léo Strauss dans son ouvrage célèbre Droit naturel et Histoire

[10] Misha Uzan, « Israël et les intellectuels français, 1967-1982 » in Controverses, Les Palestiniens à l’épreuve de la paix, Paris : Editions de l’Eclat, n°7, février 2008.

Article disponible sur internet à l’adresse http://mishauzan.over-blog.com/article-israel-et-les-intellectuels-fran-ais-de-1967-a-1982-50349357.html

[11] Israëlinfos.net, mercredi 22 avril

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9 mai 2009 6 09 /05 /mai /2009 11:22

 

Publié le vendredi 8 mai 2009 sur le site www.actu.co.il, qui regroupe Aroutz7 francophone, Jerusalem Plus TV et Le Lien.

 

Israël est une nouvelle fois condamné par l’ONU. En cause cette fois-ci les bombardements de Tsahal contre neuf bâtiments de l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East). Le rapport du 6 mai d’une commission d’enquête nommée spécialement par Ban Ki-Moon, le secrétaire général des Nations Unies, et présidée par Ian Martin ancien secrétaire d’Amnesty International (autre organisation qui s’est souvent montrée fort hostile à l’Etat hébreu) accuse l’armée de défense d’Israël d’avoir « délibérément tiré sur les installations de l’UNRWA à Gaza lors de l’opération ’Plomb durci’.

 

Gaby AshkenaziCe rapport, largement diffusé dans les médias internationaux, suit celui publié par Tsahal fin avril, attestant le comportement exemplaire des troupes israéliennes. Cinq enquêtes exigées par le chef d’état-major Gaby Ashkénazi (sur le bombardement des locaux de l’ONU, les attaques contre des centres médicaux, les atteintes à la population civile, l’usage du phosphore blanc, et les dommages causés aux infrastructures de la bande de Gaza par les troupes terrestres) avaient prouvé le respect du droit international par l’armée et montré la multiplication des efforts entrepris pour minimiser le nombre de victimes civiles. Mais malgré la coopération du Ministère de la Défense israélienne à la commission d’enquête onusienne, saluée par Ban Ki-Moon, la condamnation d’Israël reste le mot d’ordre. Ce faisant, le rapport israélien risque de passer presque inaperçu aux yeux du monde entier.

 

Pour sa défense, l’Etat d’Israël répète que le Hamas ne se sert pas seulement de civils comme boucliers mais aussi de bâtiments publics et internationaux, en l’espèce ceux de l’UNRWA. Ce que plusieurs enquêtes ont amplement prouvé. Mais ici, seul le Hamas est directement visé par la réponse israélienne.

 

Or si l’on en croit l’expérience de Dore Gold et son livre Tower of Babble: How the United Nations Has Fueled Global Chaos[1], c’est l’UNRWA elle-même qui est infiltrée par le Hamas. Cet ancien diplomate israélien, autrefois conseiller en politique étrangère de Netanyahou puis d’Ariel Sharon et ambassadeur d’Israël aux Nations-Unies de 1997 à 1999, n’hésite pas à affirmer dans son livre publié en 2004, que nombre du personnel de l’UNRWA sont connus pour être membres du Hamas. Selon lui, appartenir au Hamas constitue même un plus pour obtenir un emploi auprès de l’UNRWA.

 

Et dire que l’ONU entend demander réparations financières à l’Etat d’Israël pour les dégâts causés ! Si une enquête doit être menée, c’est plutôt au sein de l’UNRWA[2] ! Mais on ne peut pas compter sur les hommes du Hamas pour le faire ! L’auto-inspection et l’autocritique au Hamas ne sont pas des plus communs !

 

 


[1] Dore Gold, Tower of Babble: How the United Nations Has Fueled Global Chaos, Crown Forum, November 2004 . En français : La Tour de Babel : Comment les Nations Unies ont alimenté un chaos mondial.

[2] C’est ce que souligne l’article de Allison Kaplan Sommer, "UNRWA on Trial," Reform Judaism Magazine, Winter 2002, p. 42

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 11:26

 

Publié dans le journal Le Lien, février 2009

 

tsahal1.jpgEnvoyé spécial, jeudi soir, Gaza. Des maisons détruites, des habitants choqués, des morts, des ruines, des restes de bombes. L’armée de défense israélienne, comme elle se nomme, est passée par là.

Une nouvelle fois on découvre ces images et ces témoignages des populations de Gaza, civils semble-t-il, accusant les Israéliens d’avoir bombardé leurs maisons, apparemment sans aucune raison autre que de donner la mort. Le reportage nous indique tout de même, minimum de bon sens impose, la raison invoquée par Tsahal. Ces bâtiments abritaient des munitions du Hamas, auraient déclaré les porte-parole de l’armée. Ici c’était des munitions, des roquettes, là des terroristes qui tiraient depuis ces lieux, là encore des tunnels, des camps d’entraînement, etc … On n’entendra la version israélienne que de loin, qu’indirectement, qu’à travers le discours du journaliste lui-même, en voix off, qui au vol indique les dires qu’il tient de l’armée, sans qu’on ne sache rien d’autre. Pas de témoignage direct dans ce cas, pas d’explication, pas de réflexion. Le Gazaoui, lui, pourra montrer les ruines qui restent de sa maison, les images étant là pour le dire. Quant au Hamas et aux munitions, il niera, en bloc.

 

Cette scène est connue. Elle pourrait être tirée de n’importe quel journal télévisé ces dernières semaines. Elle pourrait aussi provenir d’autres occasions, dans la même région, parmi ces nombreuses dernières années.

 

Je ne sais quelle(s) raison(s) motive(nt) ces habitants à nier la présence de terroristes, de munitions ou de caches servant aux hommes du Hamas. Peut-être est-ce la peur du Hamas lui-même, qui n’hésite pas à massacrer ses propres sujets. Peut-être est-ce de l’ignorance, peut-être est-ce de la mauvaise foi, un pur mensonge, je ne sais.

 

Ce que je sais en revanche, c’est que si Tsahal a bombardé ces habitations et ces lieux, il y a une raison. Une raison valable, une raison sérieuse, une raison militaire. Et on peut donc faire confiance à la version israélienne. Pourquoi ? Comment puis-je le savoir ?

 

Une erreur peut survenir bien entendu, elle serait alors regrettable et regrettée alors publiquement par l’armée israélienne et par le gouvernement israélien lui-même, qui s’excuserait alors comme il l’a fait à chaque fois. La plus grosse erreur de l’armée israélienne au cours de l’opération « Plomb durci » avait d’ailleurs été une erreur envers son propre camp, qui avait coûté la vie à trois soldats postés dans une maison que l’artillerie croyait encore pleine de terroristes, alors que l’infanterie s’en était déjà chargée. 3 morts et une trentaine de blessés, dont des blessés graves. C’était terrible, désastreux pour l’armée, horrible pour les familles et désespérant pour Israël. Je m’en souviens encore. C’était il y a quelques semaines, dux ou trois jours après l’entrée des premières troupes d’infanterie dans la bande de Gaza (et curieusement là, personne n’avait crié au massacre). C’était bien une erreur et personne ne pouvait accuser Tsahal de vouloir massacrer ses propres troupes. Ces erreurs surviennent malheureusement.

 

Mais elles sont statistiquement négligeables. Aussi lorsque l’armée frappe, elle frappe un objectif militaire. Il ne peut en être autrement tout simplement car elle n’a aucun intérêt à ce qu’il en soit autrement.

 

Tsahal ne vise jamais des civils.

Tsahal cherche au contraire à les éloigner du champ de bataille, en les prévenant par des alarmes sonores, des coups de téléphone, des tracts invitant la population à quitter leur quartier le temps des bombardements. Trop souvent sans succès. Curieusement.

Tsahal et le gouvernement israélien n’ont aucun intérêt à viser des civils et à faire parmi eux, blessés et morts.

 

Ces vies-là lui coûtent beaucoup. Souvent plus que la vie même des Israéliens.

Ces vies-là lui coûtent la pression des instances internationales et des pays alliés.

Ces vies-là lui coûtent le rejet et la pression encore plus féroce de ses ennemis.

Ces vies-là lui coûtent souvent la rupture presque totale avec les quelques Etats arabes qui acceptent d’entretenir des liens, même officieux avec Israël.

Ces vies-là lui coûtent de larges manifestations, souvent très haineuses, de par le monde mais aussi, beaucoup, en Israël même. Manifestations des Arabes israéliens (qui sont aussi citoyens et électeurs, rappelons-le car c’est important), mais pas seulement.

Ces vies-là peuvent peu à peu lui coûter le soutien de la population israélienne, qui ne supporterait aucune crise humanitaire ou bombardement commis à dessein à l’encontre des civils. L’opposition civile en Israël serait immédiate et massive et coûterait leur place au gouvernement et aux militaires en fonction. Elle coûterait une grave sanction à l’officier à la tête de l’opération, sanction qui comprendrait une peine de prison. En 1982 par exemple, les simples bruits qui avaient couru autour d’une quelconque passivité de Tsahal face aux massacres de Sabra et Chatila par les Phalanges libanaises avaient coûté son poste au général Ariel Sharon. Son poste et sa réputation ont été durement ébranlés auprès des Israéliens qui avaient alors mené à Tel Aviv, sur la grande place des rois d’Israël, aujourd’hui place Rabin, en face de la mairie, la plus grosse manifestation de son histoire. Aucun gouvernement, ni aucun militaire n’aurait intérêt à prendre un tel risque. Il s’exposerait au contraire à de sévères difficultés.

Enfin ces vies-là, c’est cru à dire, mais c’est aussi une réalité, lui coûte de l’argent. L’Etat israélien consacre une part considérable de son budget à l’armée, alors qu’il y aurait bien des domaines où placer et investir cet argent. Sachez qu’en Israël, une simple balle coûte et on veille à ne pas la gaspiller. Aussi Tsahal n’a aucun intérêt à dépenser et gaspiller des millions de dollars pour tuer des civils. Que lui apporterait la mort de quelques civils, quelques-uns, quelques dizaines ou même quelques centaines ? Mis à part les points négatifs que nous avons mentionnés plus haut, la mort de civils n’apporte rien à Israël, ni sur un plan moral et humain bien entendu, ni sur un plan militaire ou stratégique.

 

Parler donc d’une volonté de nettoyage ethnique est tout simplement grotesque. Israël n’en a ni envie, ni aucun intérêt. D’aucuns, en Israël, ne pourrait même se permettre d’en exprimer le souhait ou le rêve dans un absolu hypothétique, sans s’attirer aussitôt les foudres légitimes de toute la société israélienne.

 

Laisser entendre donc, que Tsahal aurait bombardé ces populations sans autre but que de tuer des civils, sans montrer le grotesque d’une telle affirmation, ne relève donc pas de l’information.

L’information ne consiste pas uniquement à relever des témoignages sans en préciser les conditions. L’information ne se limite pas à filmer des ruines et à relever des commentaires. Ne révéler que les chiffres donnés par un camp, ou par l’ONU — qui les prend bien souvent du même camp — sans préciser les contestations de l’armée d’Israël et mentionner le fondement des autres chiffres fournis[1], est un travail partiel, et partial. L’information demande aussi précisions, explications et logique. Sans cela on ne peut parler que de désinformation, voire de propagande.

 


[1] Voir la version française du Jerusalem Post, du 20 au 26 janvier, qui montre les écarts de chiffres donnés par l’ONU et l’armée israélienne, compte tenu des sources et des définitions en jeu. Un exemple seulement, Tsahal a abattu un milicien armé qui combattait pour le Hamas. Celui-ci avait 17 ans. L’ONU l’a pris en compte comme « enfant ». Tsahal en revanche, qui ne pouvait guère lui demander son âge en pleine bataille, le compte comme « terroriste ».

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 23:11

Publié dans le journal Le Lien, août 2008

 

 

 

Voilà 26 ans qu’un président de la République française ne s’était pas adressé à la Knesset. Voilà maintenant 13 ans qu’aucun ami d’Israël et des Juifs n’avait dirigé le pays des lumières et 12 ans encore écoulés depuis la visite controversée de Jacques Chirac et ses réprimandes envers les méthodes de la sécurité israélienne.

 

Sarkozy ami d’Israël

 

sarkoNicolas Sarkozy fut accueilli avec chaleur et ferveur par un public israélien qui voit en lui un pro-israélien capable de mettre fin aux relations si tendues qu’ont pu connaître les deux pays. Même si la fin de l’ère Chirac-Sharon avait vu un réchauffement des rapports franco-israéliens, nul doute en effet que le ton est meilleur depuis l’accession de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat français, lui le petit-fils d’un Juif de Salonique pétri de culture talmudique et de tradition juive. Sarkozy est un ami d’Israël et des Juifs et avec lui, « Israël ne sera jamais seul », il l’a dit, comme Mitterrand avant lui. Il n’y a pas lieu d’en douter et ses prises de position contre un Iran nucléaire ont été la preuve d’un courage que son prédécesseur n’avait pas montré. On aurait tort pourtant de s’en contenter. Car Sarkozy ne peut pas tout et lui non plus, n’est pas seul. Et il l’a déjà prouvé. C’est en tant qu’ami qu’il vient mais c’est en tant qu’ami qu’il soutient Abou Mazen, c’est en tant qu’ami qu’il se permet de critiquer les constructions à Jérusalem, et c’est en tant qu’ami qu’il va jusqu’à préconiser Jérusalem capitale de deux Etats. Car c’est parce que c’est un ami qu’il peut se permettre de critiquer.

 

Méfie-toi de tes amis

 

 Pierre-Moscovici.jpgCertes, critiquons, au plaisir. Mais critiquons avec du sens, critiquons Israël pour ce qu’il fait de mauvais, pas pour rassurer les investisseurs et les pays arabes en prenant pour base leur hostilité à Israël et la primauté du marché arabe pour la France. Dans son discours, Sarkozy ne critique pas, il suit le mouvement, tout comme son ministre des Affaires étrangères, un grand ami d’Israël lui aussi, qui n’en suit pas moins la tradition d’hostilité du Quay d’Orsay. Tout comme Pierre Moscovici et d’autres à gauche, tous amis d’Israël, qui ont trouvé son discours « juste et équilibré ». Pas étonnant, il n’avait rien d’innovant en vérité. Mitterrand lui-même aurait pu tenir le même discours lorsqu’il y a 19 ans, le 2 mai 1989, ce grand ami d’Israël — et cela ne fait aucun doute — recevait Yasser Arafat à l’Elysée[1].

 

De Mitterrand à Sarkozy

 

mitterrandL’homme dont le conseiller personnel et directeur de Cabinet, Jacques Attali, était un Juif réputé pour son engagement pour Israël et dans la communauté juive, l’ami de Georges Dayan et le père politique de Strauss-Kahn, de Fabius et de Jack Lang, ne donnait pour autant pas moins une entrée officielle au leader de l’arabisme palestiniste[2], la dernière trouvaille et invention arabe dans sa lutte contre Israël. La dernière propagande arabe pour toucher un public occidental à l’origine du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et marqué par son passé colonial. Un geste qui lui valut les foudres de la communauté juive de France, mais avec le temps, une image de visionnaire pour nombre de leaders politiques et intellectuels français ou étrangers. En parlant de Sarkozy comme un « visionnaire » et un « homme d’action » dans son discours à la Knesset, Shimon Peres a peut-être aussi pensé à Mitterrand. Car après Kreisky en Autriche, Mitterrand ouvrait la porte à l’O.L.P. en Europe occidentale et préparait déjà, à son échelle, la conférence de Madrid de 1991 et le processus d’Oslo. Un « visionnaire » difficile à dire, car on a bien du mal aujourd’hui à voir ce processus comme un succès, mais un « homme d’action » sans doute. Un homme qui appuyait officiellement et politiquement — après vingt ans de travail intellectuel — l’idée d’un nouvel Etat arabe fondé sur une reconnaissance de l’O.L.P. et avec elle du discours arabiste palestiniste, un discours né et construit entièrement comme une arme contre Israël, quoiqu’on en dise. Qui sait donc si Sarkozy, cet autre ami d’Israël, n’est pas en train de sceller le destin de Jérusalem et avec lui d’Israël, au nom de son Amitié.

"Oh Dieu, Protège-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge".

 

 

 

Misha Uzan.

 

 


[1] Yves Azeroual, Yves Derai, Mitterrand, Israël et les Juifs, Paris : Robert Laffont, 1990, 281p.

[2] Voir sur cette expression l’article « Israël et les intellectuels français » in Controverses, Février 2008 (du même auteur)

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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 23:04

Publié dans le journal Le Lien, n°287, 7 mai 2008, rubrique 'Gros plans sur Israël'

 

El-Al.jpgPour la 9e fois depuis Avril 2007, avec une augmentation environ tous les 2 mois, la compagnie israélienne El Al augmente les prix de ses billets de près de 6,5%. Conséquence directe de la flambée du prix du baril de pétrole aujourd’hui à 117 dollars. La compagnie a également annoncé une augmentation du montant des taxes de l’ordre de 40 dollars pour les longues distances, 20 dollars pour les vols à destination de l’Europe et 15 dollars pour les vols courts, voire plus. Toutefois cette hausse des prix s’accompagne-t-elle aussi de l’arrivée de Sun D’Or, filiale d’El Al, sur le marché des compagnies low-cost vers l’Europe et les Etats-Unis, suite aux nouveaux accords dans l’aviation permettant à d’autres compagnies israéliennes d’assurer des vols commerciaux vers un certain nombre de destinations à l’étranger depuis Tel Aviv. La Turquie, l’Italie et la Croatie ainsi que des vols le samedi, non assurés par El Al, sont dans la ligne de mire de Sun D’Or, même si les vols vers New York nécessiteraient la location de plus grand avions à El Al, ce qui pourrait provoquer l’opposition de la clientèle juive orthodoxe. Avec 58123 voyageurs dans le premier quart de l’année (une augmentation de 58% par rapport à 2007), Sun D’OR se place 6e position en terme de vols extérieurs depuis l’aéroport Ben Gourion, devant British Airlines et Austrian Airlines. Un développement du marché qui tente de compenser la prise en otages, par les producteurs de pétrole, des compagnies  aériennes et surtout des consommateurs.

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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 22:59

Publié dans le journal Le Lien, n°287, 7 mai 2008, rubrique 'Gros plans sur Israël'.

 

Jordan-map.jpgUne étude récente menée par le Centre d’information du terrorisme et des renseignements en Israël, conclut à l’augmentation de l’antisémitisme au sein de la population musulmane mondiale. Loin de se limiter au Moyen-Orient où elle augmente partout — y compris dans des pays signataires de traités de paix comme l’Egypte ou la Jordanie — la haine du Juif s’étend avant tout à l’ensemble des Etats arabes et musulmans, puis au reste du monde, et notamment à l’Europe, la propagande antisémite s'y diffusant largement, via Internet, livres et télévision satellite au sein des communautés musulmanes. L’étude montre un antisémitisme arabe et musulman, aussi bien partagé par les classes populaires que par les élites, par les mouvements islamistes que par les autres partis politiques, l’évolution des pourparlers de paix avec Israël n’impliquant aucun changement des mentalités. Bien au contraire, ainsi que l'indique Ephraïm Halevy, président du Centre de commémoration et de l’Héritage des Renseignements israéliens et ancien chef du Mossad, cette montée représente une « menace stratégique » pour l’Etat hébreu, car pouvant nuire à une quelconque résolution du conflit israélo-arabe. D’autant que certains Etats permettent, voire encouragent, la haine anti-israélienne et antisémite, l’Iran se voyant décerner la palme pour l’utilisation d’une politique antisémite sensée servir ses intérêts nationaux et accompagnée d’une course à l’arme fatale, du jamais vu depuis le nazisme. En livrant ces résultats inquiétants pour Israël et les Juifs, l’étude rend encore plus pertinente la perception d'un phénomène déjà bien appréhendé par ceux qui se donnent la peine de voir, lire, et écouter. Elle confirme malheureusement ce que nous ne cessons de répéter.

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 22:55

Publié dans le journal Le Lien, n°287, 7 mai 2008, rubrique 'Gros plans sur Israël'

 

Walid HamisAprès la nomination de  Raleb Majadele, devenu le premier ministre arabe israélien de l'histoire, un autre événement majeur pour le pays se prépare peut-être à Haïfa. Walid Hamis en effet, avocat et ancien adjoint au maire de la ville, vient d'annoncer sa candidature à la mairie de la troisième ville du pays. "Les Arabes de Haifa ne sont pas qu'un réservoir de voix pour les candidats, nous voulons faire pleinement partie des initiatives de la ville" a-t-il déclaré. Membre du parti politique arabe Balad-NDA (ou Assemblée nationale démocratique), Walid Hamis avait quitté son poste à la mairie de Haifa au cours de la dernière guerre du Liban, à laquelle il s’opposait. Mis en cause par 18 conseillers municipaux de la coalition réunis extraordinairement pour discuter de son renvoi, comptant de nombreux opposants au sein de la mairie parmi lesquels Itzik Regev de Kadima, Walid Hamis avait préféré démissionner. Protestant contre la guerre et les opérations de Tsahal, ainsi que contre la politique électorale d'Avoda visant à s'accaparer le vote arabe, Hamis finit par rejoindre l’opposition à Yona Yahav, maire de la ville, ancien membre d’Avoda, puis de Shinouï et enfin de Kadima en 2006. Critiqué pour ses positions sur la guerre,  jugées radicales, Hamis s’en prit directement au parcours du maire et fait figure aujourd’hui de sérieux opposant à ce dernier. Son élection constituerait un véritable bouleversement en Israël, la troisième ville du pays, et ses 270 000 habitants, tombant sous la direction d’un membre de Balad: un parti qui milite contre le caractère juif de l’Etat d’Israël et dont l’ancien leader, Azmi Bishara, expatrié en Egypte, est accusé de trahison par les services de renseignements israéliens pour ses nombreux voyages en Syrie et son support au Hezbollah, auquel il est suspecté d’avoir livré des informations stratégiques durant la dernière guerre.

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 19:06

Publié dans le journal Le Lien, n°288, 10 juin 2008

 

 


Denis CharbitCélébrations, réceptions, commémorations et réunions, on ne compte plus le nombre d’événements organisés pour le 60e anniversaire de l'Etat d'Israël, à l’étranger comme en Israël même. A cette occasion l'université de Tel Aviv organisait deux colloques abordant les relations entre Israël et la France. Le second, tenu le 20 mai, se consacrait au monde diplomatique et à la politique suivie par les différents présidents français vis a vis d'Israël ; le premier, tenu les 18 et 19 mai, organisé par Denis Charbit de l'open university et Nadine Kuperty Tsour du département de français de l’université de Tel Aviv, s'attachait lui, au regard des intellectuels français sur Israël, s'intitulant « Les intellectuels français et Israël : entre admiration et réprobation ». Un sujet particulièrement intéressant auquel nous consacrons nous-mêmes nos recherches*.

 

  Un certain nombre de spécialistes étaient bien sûr présents : Denis Charbit bien entendu, auteur entre autre d'un article sur le célèbre numéro des Temps Modernes de juin 1967, publié dans La règle du jeu, la revue de Bernard Henry-Levi[1] ; Jean-Francois Sirinelli, spécialiste de l'histoire politique et culturelle en France ainsi que de l'histoire des intellectuels français, sujets auxquels il a consacré de nombreux ouvrages ; Pierre Birnbaum, spécialiste de l'histoire politique des Juifs en France, François Laffon chercheur au CNRS, Antoine Compagnon professeur au Collège de France, Alain Finkielkraut ou encore Eric Marty, professeur de littérature à ParisVII.
S'attachant aux prises de positions publiques d'intellectuels, ce colloque ne put évidemment éviter totalement certaines polémiques, même si beaucoup d'interventions restèrent limitées au strict cadre scientifique.

 

L’intellectuel sioniste de gauche et La Paixmaintenant


Elie BarnaviL'allocution, par exemple, d'Ilan Greilsammer, professeur de science politique à l'université Bar Ilan de Ramat Gan, assez originale, fut une de celles qui fit débat. Tournant quelque peu en dérision son propre camp, celui des intellectuels sionistes de gauche, mal à l'aise depuis 1967 et les années 70, et ironisant sur le mouvement de La Paixmaintenant, dont il se sent pourtant lui-même proche, il provoquait ainsi les remarques et l’irritation de quelques-uns ; parmi lesquels Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France et professeur émérite à l'université de Tel Aviv.

 

 De l’hostilité à Israël à l’idéologie du culte du métissage


Francois Laffon quant à lui, chercheur au CNRS ,délégué à Jérusalem, dans son allocution sur l'opposition entre Jean Marie Domenach, ancien directeur de la revue Esprit, et Marc Jarblum, ancien délégué pour Israël en France, pointait du doigt l’esprit néo-munichois d’un Domenach faisant d’Israël l’agresseur en 1967. Il montrait par ailleurs, en reprenant la controverse publiée dans Esprit en janvier 1967(et reprise en janvier de l'année suivante), au sujet de l’affaire du Frère Daniel[2], interdit d’aliya au motif de conversion au christianisme, comment Domenach, avant même la guerre des Six Jours, n'avait pas caché sa franche hostilité au principe du  fondement d'un Etat juif en tant que tel, et n’avait

pas ménagé ses reproches envers Israël. A cette brillante allocution, il n’aurait plus manqué que d’ajouter les propos du même Domenach en 1976, véritablement extasié devant "l'orientalisation" du pays et la présence de nombreux sépharades, les seuls selon lui, qui par leurs "odeurs, rumeurs, gesticulations […] (ces propos sont de Domenach) donnent le ton, gai, bruyant, blagueur, sans débraillé pourtant". Un « aspect méditerranéen, arabe, [qui croyait-il] aidera [Israël] à se réconcilier avec l’entourage. » Outre le fait qu’il assimilait les sépharades, l’Orient et le bassin méditerranéen aux Arabes, gommant ainsi les différences et particularités d’autres peuples de la région, Domenach, s’abstenant de prôner un vivre ensemble, basé sur les idées et un ensemble de valeurs, célébrait au contraire ce qui lui semblait être une proximité de race et de tradition. Des propos annonciateurs de la vague de culte du métissage, qui n'a eu cesse de grandir depuis, et par lesquels le directeur d'Esprit ethnicisait le conflit en glissant vers un antiracisme…. raciste.

 

Ouverture au discours arabe


Dans un autre registre, Raphael Lelouche, sociologue à l'université de Tel Aviv et Président de l'association internationale de sociologie, entreprit un discours engagé dans la critique de l'hostilité générale envers Israël, régnant en France au sein de certains milieux, dont l'intelligentsia. Pensant faire preuve d'audace en tenant ce discours, il lui fut rétorqué par Denis Charbit qu’en réalité l'ensemble de l'assistance, majoritairement composée de Juifs philosionistes et pro-israéliens, adhérait largement à ses propos ; et qu’une preuve de courage eût été, selon ce dernier, de tenir au contraire devant cette même assistance, des propos très pro-arabes. Denis Charbit en profitait aussi pour inviter ses collègues à essayer, voire à radicalement comprendre, cet Autre arabe (un peu à la manière de Sartre, précisait-il). Denis Charbit, on l'aura compris, voulut faire montre d'ouverture et d'écoute, et on ne pourra pas le lui reprocher. Mais on sait aussi, et ce fut la réaction de la salle, sans qu’il le nie, qu'on ne manque  pas d’aptitude à l’autocritique, dans le milieu des intellectuels juifs ou israéliens dont nombre furent les chantres, et parfois même les fondateurs, les créateurs, de la cause arabiste palestiniste.

 

Mais fermeture à la Droite


On sait moins en revanche, qu'une catégorie conceptuelle toute entière, a clairement, et parfois délibérément, été écartée du débat intellectuel français sur le conflit israélo-arabe. Cet Autre, exclu, n'est pas le réfugié arabe, ou le discours arabe, mais ce que l’on nomme, parfois avec mépris ... la Droite.


Elisabeth-Levy.jpgEn fin de colloque, Elysabeth Levy, journaliste bien connue de France Télévisions, de Marianne, du Point, et tout récemment du site www.causeur.fr, s'interrogeait dans sa conclusion : la stigmatisation systématique d’Israël par la gauche française et la plupart des intellectuels français depuis plusieurs années pose une difficulté, celle de rejeter les soutiens d'Israël, sionistes et philosionistes dans le camp de la droite. Un véritable défi lancé à tous les sionistes de gauche, pleins de la culture de gauche d'après-guerre pour lesquels la Droite n’est rien d’autre que l'ennemi redouté. Oui mais voila la droite n'est plus celle de Barrès et Maurras et il était déjà bien réducteur et obtus dans les années 70 d'y réduire toute les droites, en France comme ailleurs ! C'est pourtant bien ce que faisait Sartre, encore lui, qui s’adressait « à la gauche, c’est-à-dire à vous, à moi »[3], donc pas à la droite car « il faudra que la Gauche (avec un grand G), en Occident, […] soit au courant des questions fondamentales pour pouvoir […] servir aux deux adversaires » ; c’est ce que faisait aussi Olivier Revault d’Allones pour qui « c’est uniquement grâce à sa gauche que le peuple israélien peut balayer ses généraux, ses milliardaires, ses rabbins ainsi que leurs alliés sociaux-démocrates »[4]. Quant à Albert Memmi, fervent sioniste pourtant, il n’hésitait pas à dire et écrire en 1972, que « si le sionisme n’est pas socialiste, alors il perd de son sens, car le sionisme n’est pas seulement la construction d’une nation, il a voulu la normalisation sociale, économique et culturelle du peuple juif »[5] ; propos tenus cinq ans avant l'élection de Begin, un homme dont la vision politique n’avait pourtant rien à envier à Albert Memmi en matière de sionisme. Trop enfermés dans leur idéologie, faite de croyance aveugle envers la gauche, le socialisme, la fin de l’histoire, confinant au gauchisme, ces intellectuels ont bel et bien rejeté d’un revers de main d’autres conceptions que les leurs. En se coupant à des hommes et à des idées parce que supposés de droite ou venus de droite, ceux qui se sont autoproclamés ‘le camp de la paix’, se sont aussi fermés à d'autres analyses et d'autres possibilités que les leurs, glissant souvent et paradoxalement dans leurs discours même, vers le sectarisme et la fermeture intellectuelle. Jabotinsky n'était pour beaucoup d’entre eux qu'un fasciste, Begin un intégriste et la droite toute entière expansionniste et colonialiste. Or le débat intellectuel aurait aussi dû s'ouvrir à la relativisation de ces termes, à leur extension à d'autres parties ou simplement aux idées nouvelles. Faute de quoi le débat ne s'est fait qu'entre la gauche sioniste et les non-sionistes, y compris — cette fois avec une pleine et étrange ‘ouverture’ intellectuelle — avec les mouvements arabes les plus extrémistes dont les idées violentes, destructrices et elles bel et bien intégristes, ont été relayées par l'extrême gauche française et israélienne. La solution imposée aujourd'hui par l'establishment mondial, celle de "deux Etats pour deux peuples", véritable invention de la gauche israélienne et européenne, ainsi que l'utilisation d'un certain nombre de termes[6] parmi lesquels celui de 'Palestiniens' pour ne designer que les Arabes — ainsi que le prescrit la charte de l'OLP — sont le résultat de 30 ans d'un débat, intéressant certes, mais limité, restreint, partial, et formaté .

Le rôle de l'intellectuel n’est-il pas de conjurer le sectarisme et d’aider à l’approfondissement des échanges, fusse en s’ouvrant à d’autres discours, et d’éviter le plus possible le cloisonnement des pensées ? Quelques-uns s’y essayent, mais ils restent malheureusement beaucoup trop marginaux.

 

 

 

 

* Misha Uzan est l’auteur d’un mémoire de Master intitulé « Images d’Israël et compréhension du conflit israélo-arabe par les intellectuels français, 1967-1982 », il a aussi récemment publié un article sur « Israël et les intellectuels français, 1967-1982 » dans la revue Controverses, de Shmuel Trigano. Il prépare actuellement une thèse de doctorat qui prolonge ses recherches autour de ce sujet.

 

 

 

 


[1] Denis Charbit, « Un numéro des Temps Modernes revisité », in La règle du jeu, « 40 ans après », dossier coordonné par  Salomon Malka, n°34, mai 2007, 17e année

[2] Affaire qui fut à l’origine de la modification de la Loi du retour ne reconnaissant plus comme Juif celui converti à une

  autre religion , le texte originel ne le prévoyant pas.

[3] Jean-Paul Sartre, « Pour la vérité », in Les Temps Modernes, n°253 bis, juin 1967

[4] Olivier Revault d’Allones, « Le nouveau danger qui menace Israël », in Combat, Vendredi 6 octobre 1967

[5] Albert Memmi, « Justice et nation » publié sous le titre « Unités et différences », communication au Congrès sioniste de Jérusalem en 1972, publié sous le même titre in Cahiers Bernard Lazare, n°36, juillet-août 1972

[6] Voir à ce titre mon étude des transferts sémantiques opérés entre les années 50 et 70, dans mes recherches citées ci-dessus.

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