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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 23:11

Publié dans le journal Le Lien, août 2008

 

 

 

Voilà 26 ans qu’un président de la République française ne s’était pas adressé à la Knesset. Voilà maintenant 13 ans qu’aucun ami d’Israël et des Juifs n’avait dirigé le pays des lumières et 12 ans encore écoulés depuis la visite controversée de Jacques Chirac et ses réprimandes envers les méthodes de la sécurité israélienne.

 

Sarkozy ami d’Israël

 

sarkoNicolas Sarkozy fut accueilli avec chaleur et ferveur par un public israélien qui voit en lui un pro-israélien capable de mettre fin aux relations si tendues qu’ont pu connaître les deux pays. Même si la fin de l’ère Chirac-Sharon avait vu un réchauffement des rapports franco-israéliens, nul doute en effet que le ton est meilleur depuis l’accession de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat français, lui le petit-fils d’un Juif de Salonique pétri de culture talmudique et de tradition juive. Sarkozy est un ami d’Israël et des Juifs et avec lui, « Israël ne sera jamais seul », il l’a dit, comme Mitterrand avant lui. Il n’y a pas lieu d’en douter et ses prises de position contre un Iran nucléaire ont été la preuve d’un courage que son prédécesseur n’avait pas montré. On aurait tort pourtant de s’en contenter. Car Sarkozy ne peut pas tout et lui non plus, n’est pas seul. Et il l’a déjà prouvé. C’est en tant qu’ami qu’il vient mais c’est en tant qu’ami qu’il soutient Abou Mazen, c’est en tant qu’ami qu’il se permet de critiquer les constructions à Jérusalem, et c’est en tant qu’ami qu’il va jusqu’à préconiser Jérusalem capitale de deux Etats. Car c’est parce que c’est un ami qu’il peut se permettre de critiquer.

 

Méfie-toi de tes amis

 

 Pierre-Moscovici.jpgCertes, critiquons, au plaisir. Mais critiquons avec du sens, critiquons Israël pour ce qu’il fait de mauvais, pas pour rassurer les investisseurs et les pays arabes en prenant pour base leur hostilité à Israël et la primauté du marché arabe pour la France. Dans son discours, Sarkozy ne critique pas, il suit le mouvement, tout comme son ministre des Affaires étrangères, un grand ami d’Israël lui aussi, qui n’en suit pas moins la tradition d’hostilité du Quay d’Orsay. Tout comme Pierre Moscovici et d’autres à gauche, tous amis d’Israël, qui ont trouvé son discours « juste et équilibré ». Pas étonnant, il n’avait rien d’innovant en vérité. Mitterrand lui-même aurait pu tenir le même discours lorsqu’il y a 19 ans, le 2 mai 1989, ce grand ami d’Israël — et cela ne fait aucun doute — recevait Yasser Arafat à l’Elysée[1].

 

De Mitterrand à Sarkozy

 

mitterrandL’homme dont le conseiller personnel et directeur de Cabinet, Jacques Attali, était un Juif réputé pour son engagement pour Israël et dans la communauté juive, l’ami de Georges Dayan et le père politique de Strauss-Kahn, de Fabius et de Jack Lang, ne donnait pour autant pas moins une entrée officielle au leader de l’arabisme palestiniste[2], la dernière trouvaille et invention arabe dans sa lutte contre Israël. La dernière propagande arabe pour toucher un public occidental à l’origine du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et marqué par son passé colonial. Un geste qui lui valut les foudres de la communauté juive de France, mais avec le temps, une image de visionnaire pour nombre de leaders politiques et intellectuels français ou étrangers. En parlant de Sarkozy comme un « visionnaire » et un « homme d’action » dans son discours à la Knesset, Shimon Peres a peut-être aussi pensé à Mitterrand. Car après Kreisky en Autriche, Mitterrand ouvrait la porte à l’O.L.P. en Europe occidentale et préparait déjà, à son échelle, la conférence de Madrid de 1991 et le processus d’Oslo. Un « visionnaire » difficile à dire, car on a bien du mal aujourd’hui à voir ce processus comme un succès, mais un « homme d’action » sans doute. Un homme qui appuyait officiellement et politiquement — après vingt ans de travail intellectuel — l’idée d’un nouvel Etat arabe fondé sur une reconnaissance de l’O.L.P. et avec elle du discours arabiste palestiniste, un discours né et construit entièrement comme une arme contre Israël, quoiqu’on en dise. Qui sait donc si Sarkozy, cet autre ami d’Israël, n’est pas en train de sceller le destin de Jérusalem et avec lui d’Israël, au nom de son Amitié.

"Oh Dieu, Protège-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge".

 

 

 

Misha Uzan.

 

 


[1] Yves Azeroual, Yves Derai, Mitterrand, Israël et les Juifs, Paris : Robert Laffont, 1990, 281p.

[2] Voir sur cette expression l’article « Israël et les intellectuels français » in Controverses, Février 2008 (du même auteur)

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