Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 21:05

 

Par Misha Uzan

Publié le 24 février sur le site http://un-echo-israel.net

 

 

C’était presque un inconnu il y a encore un an, en quelques mois il a défrayé la chronique, défié le Shass, son propre parti, et mis au grand jour des critiques au sein même du monde haredi ; on parle de lui pour un éventuel nouveau parti ; et qu’on l’approuve ou pas, on ne peut que souligner son audace et plus encore, au fond, se servir de ses positions pour apprécier et mener une réflexion sur les rapports entre le judaïsme et le sionisme israéliens.

 

 

Haim-Amsellem.jpgHaïm Amsellem (à gauche) est un rav (rabbin) et député israélien élu sous les couleurs du parti Shass pour la première fois en 2006. Il est né le 12 octobre 1959 à Oran en Algérie, d’une famille récemment immigrée du Maroc (rappelons que le Maroc devient officiellement indépendant en 1956). A l’âge de six mois, on est en pleine guerre d’Algérie, sa famille part pour Lyon. Il y vit jusqu’à l’âge de 11 ans, puis sa famille monte en Israël. Haïm Amsellem est francophone.

 

Le parcours d’un rabbin

 

Amsellem est avant tout rabbin : il reçoit son diplôme en 1990 et est ordonné rabbin en 1993. Il devient le rabbin du Moshav Sharsheret situé au nord-ouest du Néguev, puis rabbin de quartier au sein même de Netivot, petite ville au nord du Moshav. Il fut aussi directeur d’une Yeshiva, (centre d’études religieuses) et du Kolel Baba Salé (du nom du célèbre rabbin sépharade) dans la même ville. Puis il déménage à Jérusalem dans le quartier Har Nof et y fonde un autre Kolel. Il y habite toujours avec sa femme et ses huit enfants. Il a également officié au sein de la communauté sépharade de Genève en Suisse. Amsellem est surtout un rabbin intellectuel, il est l’auteur de plusieurs ouvrages (dont un sur le Zéra Israël, La semence d’Israël, c’est-à-dire l’origine juive) qui s’inscrivent, a-t-il précisé dans une interview au Jerusalem Post, dans la lignée du Rav Ovadia Yossef, le mentor du Shass, qui les a lus, approuvés et souvent cités dans ses propres ouvrages. Le rav Amsellem indique encore à qui veut l’entendre qu’il a toujours été fidèle au rav Yossef, ancien grand rabbin sépharade d’Israël, qui l’a ordonné, devant qui il a été testé, et qu’il perçoit toujours comme un grand savant et le grand inspirateur de la « renaissance spirituelle sépharade » en Israël. Avec Nissim Ze’ev il est le seul rabbin ordonné à siéger au sein du groupe Shass à la Knesset. Ceci étant, depuis 2009, bien qu’élu au onzième siège sur la liste Shass en 2006 et au dixième en 2009, Haïm Amsellem a fait part de ses divergences avec la direction du parti à plusieurs niveaux sensibles.

 

Les va-et-vient du Shass

 

Pour comprendre l’émergence des critiques d’Amsellem, il nous faut revenir sur l’histoire du Shass. Le parti politique est né en 1984 peu avant les élections nationales. Il a été créé sur une initiative du disparu Rabbi Eliezer Menachem Schach, un leader du courant lithuanien des Haredim ashkénazes, et non pas sépharade, exclu du parti ultra-orthodoxe ashkénaze suite à une lutte de pouvoir, qui s’est trouvé alors sans étiquette. A l’origine donc, Shass est un parti sépharade créé par des Ashkénazes. Ses cadres sont issus du monde ultra-orthodoxe et ont appris dans les yeshivot de tradition ashkénaze dite lithuanienne. Le Rav-Ovadia-Yossef.jpgrav Ovadia Yossef fut nommé chef officiel mais Schach prenait les grandes décisions. Parti orthodoxe, il prend sa source dans des décisions religieuses qui s’appliquent ensuite à la société, c’est-à-dire que le religieux prime sur le politique. A ce titre Ovadia Yossef est ce qu’on peut appeler le leader spirituel tandis que d’autres sont chargés de représenter le parti à la Knesset, dans la vie politique. Dans le cas de Haïm Amsellem, il siégeait en tant que représentant du rav Meni Mazouz. A l’époque, de 1984 à 1988 c’est donc Itzhak Perez, né au Maroc, élevé en Israël et devenu orthodoxe à la façon lithuanienne qui prend les reines du parti, c’est-à-dire de sa branche politique. Son but à l’origine, et celui de Yossef donc, est de rapprocher les sépharades modérément religieux et traditionnalistes du mode de vie ultra-orthodoxe pratiqué par l’école lithuanienne. Il s’agit donc de créer un monde harédi sépharade. Tout change avec l’arrivée d’Arieh Deri à la tête du parti et ce que certains ont appelé la « révolution Deri »[1]. En 1988 une rupture intervient entre Schach et Yossef. Schach décide de créer Deguel Hatorah, un nouveau parti orthodoxe sans sépharades. Ressenti comme un affront, Ovadia Yossef se débarasse de Peretz, soutenu par Schach, et nomme Arieh Deri à la tête du Shass. Deri mène alors le Shass vers un parti à revendication ethnique plus que religieuse et en fait le grand parti sépharade du pays. Prenant des voix aux électeurs laïques ou simplement traditionnels du Likoud, Shass parvient à obtenir 17 sièges à la Knesset en 1999. Deri s’est éloigné de la conception originale d’Ovadia Yossef de créer une orthodoxie sépharade, il s’implique plus généralement en tant que défenseur des Juifs orientaux. Mais le succès est tel qu’Ovadia ne peut franchement s’y opposer. Ceci étant toute révolution a une fin. Et celle-ci survient en 1999 lorsqu’Eli Ishaï prend la tête du parti à la place de Deri, hautement inquiété par des problèmes de corruption qui le feront passer directement par la case prison. Ishaï met ainsi fin à l’orientation ethnique de Deri pour revenir aux originaux, et se consacrer plus pleinement à la défense du corps ultra-orthodoxe dans son entièreté. L’épisode de l’école Emmanuel en juin 2010 fut le point de non retour pris par le Shass. Confronté à un cas d’opposition entre la Cour suprême israélienne, perçue comme laïque, et le monde haredi ashkénaze, alors même que l’accusation portait sur une discrimination ethnique à l’encontre d’élèves sépharades à l’intérieur d’une école ultra-orthodoxe, le Shass choisit le camp haredi. Pour leur défense, le Shass, comme les lithuaniens, réfute la discrimination ethnique mais justifie l’exclusion des élèves en question pour des raisons de pratique religieuse pas assez orthodoxe. S’il y a eu véritable discrimination importe peu. Par son approche des choses le Shass approuve le mode de vie ultra-orthodoxe façon lithuanienne et il estime que les sépharades doivent s’y conformer. Shass est revenu aux principes qui l’ont fondé.

 

Les critiques d’Amsellem

 

C’est là que Haïm Amsellem intervient. Depuis le printemps 2009 il manifeste ses désaccords avec cette forme de pensée ultra-orthodoxe. A plusieurs endroits Amsellem choque. Sur l’armée d’abord. Bien qu’il n’ait pas servi lui-même (l’armée n’aurait pas eu besoin de lui) la plupart de ses enfants ont servi. Au sein des dirigeants du Shass c’est souvent le contraire. Car le parti s’est aligné sur la ligne dure ultra-orthodoxe, et antisioniste, qui refuse le service militaire et considère même l’armée comme le lieu le plus concentré de l’hérésie laïque. Amsellem estime au contraire qu’il est du devoir du Juif de servir son pays et il est prêt à s’appuyer sur la Torah pour le montrer. De la même façon il appelle le monde orthodoxe à travailler. Il rejette catégoriquement l’idée que l’étude de la Torah est la seule chose qui importe. Si c’est ainsi que les lithuaniens voient les choses, dit-il, ça n’a jamais fait partie de la tradition sépharade, et c’est même « une déviation » non-conforme au judaïsme qui recommande de nourrir sa famille par ses propres soins. Au lieu de cela le monde orthodoxe, affirme-t-il, a créé un « cercle vicieux de pauvreté ». Autre critique, Haïm Amsellem se fait le défenseur des conversions au sein de l’armée, critiquées voire refusées par le rabbinat orthodoxe. L’intransigeance de la position ultra-orthodoxe israélienne est telle qu’elle entend refuser des conversions orthodoxes pratiquées à l’étranger et donc refuser des convertis à l’aliya (alors même que la Cour suprême reconnaît les conversions du mouvement libéral et du mouvement Massorti pour immigrer en Israël). Encore une fois Amsellem adopte une position compréhensive à l’égard de ceux qui servent le peuple d’Israël, qui se battent pour lui, qui sont parfois morts pour lui, qui sont de filiation juive mais dont la mère n’est pas juive. L’ancien rabbin de Sharsheret évoque aussi la défaillance de l’enseignement orthodoxe. En Israël quatre formations diffèrent presque totalement selon que l’école suive l’enseignement dit laïc, arabe, religieux national ou haredi. Amsellem dénonce l’enseignement haredi dans les écoles du Shass, qui néglige trop les matières générales d’enseignement. Selon lui, la compréhension de la Torah, du Talmud, des textes juifs nécessite de s’imprégner de toutes les matières. Très pointu en exégèse il invoque des textes de la tradition comme Massekhet Shabbat, Masseket Soucca, Masseket Erouvim ou encore Masseket Kil’ayim, qui d’après lui ne sont pas abordables sans compréhension globale. Aussi de façon générale, Haïm Amsellem critique sévèrement la ligne ultra-orthodoxe lithuanienne, et qui est d’après lui, aussi celle suivie par le Shass. En la montrant comme trop dure, trop sévère, trop étriquée et, somme toute, contraire à la tradition juive, il en appelle à des valeurs humanistes tirées directement de la Bible hébraïque. On lui doit cette phrase : « Le peuple juif doit être un exemple, pour lui-même, de tolérance, d’acceptation de l’autre, de non persécution des autres pour leurs croyances »[2].

 

Toutes les déclarations d’Amsellem sur le service militaire, les conversions, l’enseignement ou le travail des ultra-orthodoxes, n’ont pas vraiment plu au Shass. Dans une interview au quotidien israélien Maariv en août 2009, Amsellem qualifiait le Shass de parti « sépharade-ashkénaze » pour sa soumission au leadership spirituel lithuanien. Depuis les choses n’ont fait que s’envenimer. Fin 2010 la séparation était scellée, Amsellem exclu du Shass, insulté, et menacé d’exclusion totale de toutes les synagogues ultra-orthodoxes.

 

Amsellem, et après ?

 

Le discours de Haïm Amsellem a en revanche été plutôt bien accueilli par les milieux laïques, sionistes-religieux ou simplement non-orthodoxes. Amsellem lui-même dit être soutenu par des milliers de personnes, avoir reçu des lettres du monde entier, y compris d’Israël, y compris de la part d’une partie du public orthodoxe. Reste que pour être élu, il lui faut une liste, un label, un parti capable de réunir un programme et des hommes. La simple sympathie que ses dénonciations du mode de vie orthodoxe vis-à-vis de l’Etat d’Israël a pu inspirer au public laïc ou sioniste religieux ne suffit pas à faire de lui un bon candidat. Amsellem l’a dit lui-même, il s’est lancé dans la politique car il était convaincu que la sphère religieuse n’était pas suffisante pour faire évoluer la société israélienne. En se coupant du soutien du Shass, Haïm Amsellem s’est-il fermé la seule porte ouverte à un haredi sépharade comme lui ou d’autres portes se sont elles déjà ouvertes ?

 

Qu’adviendra-t-il de Haïm Amsellem ? Le futur nous le dira. Plusieurs options ont déjà été évoquées dans les média israéliens et le rabbin a souligné lui-même qu’il avait eu plusieurs propositions. On a d’abord parlé d’une alliance Arieh Derientre Aryeh Deri (qui cherche à se recaser après deux ans en prison) et Haïm Amsellem. On a vu que la révolution sépharade menée par Deri a de quoi se rapprocher du discours de l’ancien député de Shass qui défend la tradition religieuse sépharade comme moins extrémiste et attaque le mode de vie ashkénaze lithuanien. Un point néanmoins ne peut être passé sous silence et il est majeur : le sionisme du rabbin.

 

 

Un haredi sioniste ?

 

Sans aucune hésitation et à maintes reprises, Haïm Amsellem s’est déclaré Juif, haredi, et sioniste. Dans son interview au Jerusalem Post il déclare : « Je suis quelqu’un qui considère la renaissance de l’Etat d’Israël comme l’un des plus grands et des plus évidents miracles que le Saint béni soit-Il a accompli pour nous. C’est notre Etat. Nous devons y contribuer. » Ces quelques phrases permettent de comprendre la nature de l’écart qui sépare Amsellem du leadership lithuanien. En voyant l’Etat d’Israël comme un don divin, un miracle, un Etat inscrit non pas seulement dans l’histoire mais dans les miracles de dieu, Amsellem tient le discours d’un sioniste religieux, de ceux qu’on appelle aussi Dati-leumi, les religieux nationaux. Leur sionisme et leur judaïsme vont de pair. Ce qui explique qu’un parti sioniste religieux comme Habayit Hayeoudi ait pu entrer en contact avec lui. Sans entrer dans les détails de l’idéologie sioniste religieuse, on constate qu’Amsellem s’éloigne en revanche de l’idéologie du judaïsme ashkénaze d’inspiration lithuanienne. Car rappelons-le, ce judaïsme-là, n’est pas sioniste. Or c’est avant tout cet antisionisme, cumulé au rejet radical de la société laïque israélienne, qui explique en grande partie les positions ultra-orthodoxes sur le travail, l’enseignement ou le service militaire. A l’inverse, c’est une certaine conception sioniste qui explique les positions d’Amsellem sur les conversions ou le rapport à l’Etat d’Israël.

 

En l’espèce le cas d’Amsellem est caractéristique de la complexité des relations qui régissent le judaïsme, ses différentes traditions religieuses, et le sionisme. Alors qu’au sein du monde ashkénaze, le groupe orthodoxe a une histoire ancrée dans l’antisionisme, matérialisée dans le monde politique par Agoudat Israël (ceci mis à part le sionisme religieux qui a sa construction et son idéologie propres, menés par le Rav Kook), cette tendance est moins franche au sein du monde sépharade. De la même façon que l’orthodoxie sépharade est dans son fondement moins rigoureuse sur le plan sociétal que le haredisme lithuanien, son sionisme est aussi plus naturel. Dans son livre Juifs et Arabes (Paris, Gallimard, 1974), l’écrivain franco-tunisien Albert Memmi illustre cette réalité en soulignant que les Juifs sépharades pensaient à l’Etat juif et à la souveraineté juive recouvrée bien avant les sionistes européens et le mouvement politique sioniste en lui-même[3]. Immigrée en Israël plus tardivement (à l’exception principalement des Yéménites), la conception idéologique antisioniste d’Agoudat Israël fut inconcevable à la quasi-unanimité des sépharades. Bien que plus attachée à la religion et à la tradition que les laïcs ashkénazes, cette population n’était pas non plus ultra-orthodoxe à la manière lithuanienne. En voulant rapprocher les sépharades du mode de vie ultra-orthodoxe d’inspiration ashkénaze, le Shass les rapprochait aussi d’une forme d’antisionisme qui leur était inconnue. Toutefois, aujourd’hui encore, ces divergences tant religieuses qu’idéologiques (dans leur rapport au sionisme) persistent et se constatent au quotidien. La force du sionisme et la réalité de l’Etat d’Israël aidant, peu ont versé dans l’antisionisme radical, tout au plus dans une forme d’abstention au sionisme, d’a-sionisme[4]. En ce sens, Shass a échoué et Amsellem en est un élément symptomatique. Irréprochable sur le plan de l’orthodoxie religieuse, il n’en a pas pour autant épousé l’antisionisme ni le mode de vie, c’est-à-dire le refus de travailler dans le cadre de l’Etat d’Israël, le refus de tout enseignement profane, ou l’opposition systématique à la défense du pays.

 

Dans un essai de 2006[5], Gérard Nissim Amzallag et David Belhassen, deux chercheurs en archéologie et en histoire cananéenne, envisagent la perte de repère du sionisme religieux suite au désengagement de Gaza. Si une solution à deux Etats s’accomplissait même temporairement, imaginent-ils bien qu’ils n’en soient pas partisans, le mouvement sioniste religieux se verrait contesté dans son fondement — c’est-à-dire la perception de l’Etat d’Israël comme partie intégrante d’un processus messianique qui rendra toute la terre d’Israël au peuple d’Israël — et pourrait s’éteindre, en tout cas s’amenuiser. Les positions de Haïm Amsellem, provenant du monde haredi, montrent que le sionisme au sein du monde religieux a encore de quoi se revivifier.

 

Misha Uzan : voir tous les articles de l’auteur sur son blog http://mishauzan.over-blog.com

A propos des questions religieuses, lire par exemple : Rabbi nahman de bratslav, songes, énigmes et paraboles

 



[1] Expression utilisée notamment dans un article d’Aryeh Dayan pour le Jerusalem Report en juin 2010

[2] Cité dans le Jerusalem Post, fin janvier 2011

[3] Voir sur ce point mon mémoire de fin de second cycle universitaire, page 81, disponible à l’IEP de Paris : Misha Uzan, Images d’Israël et compréhension du conflit israélo-arabe par les intellectuels français, 1967-1982, Paris : IEP, 2007. Ce mémoire a été résumé et prolongé dans mon article publié dans Controverses, n°7, Israël et les intellectuels français, de 1967 à 1982

[4] Sur ce terme voir encore mon mémoire universitaire et mon article Israël et les intellectuels français, de 1967 à 1982

[5] David André Belhassen, Gérard Nissim Amzallag, La Haine maintenant ? Sionisme et palestinisme. Les sept pièges du conflit, Paris : Editions de la Différence, 2006

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
<br /> <br /> Voilà un article très complet pour éclairer tant les néophytes que les autres sur un courant politique montant (peut-être)  en Israël ; merci à son auteur.<br /> <br /> <br /> je crois qu'on ne peut que se féliciter de voir émerger un tel personnage et je pense qu'il lui faut un réel courage pour "s'opposer" au mouvement dont il est issu ; souhaitons-lui une<br /> grande réussite car son esprit d'ouverture devrait continuer à lui apporter le soutien d'un grand nombre de ses concitoyens et nous l'espérons également d'autres de ses correligionnaires du monde<br /> !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre

L'an prochain à Tel Aviv

L'an prochain à Tel Aviv

Mon premier Roman

En vente ici

Format

Recherche

Nuage de tags

L'an prochain à Tel Aviv

Achetez en ligne mon premier roman

Format