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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 16:55

Samuel Benchetrit, Récit d’un branleur, Editions Julliard, 2000

 

Par Misha Uzan : http://mishauzan.over-blog.com

 

Samuel-Benchetrit.-Recit-d-un-branleur.jpg

 

C’est d’abord pour son titre que ce livre m’a attiré. Glandu d’un temps, j’ai voulu faire quelques lectures sur la paresse, du Livre de la paresse au Récit d’un branleur.

C’est ensuite par hasard, au cours d’une émission de télévision le samedi soir avec Laurent Ruquier, que j’ai découvert son auteur, Samuel Benchetrit. Je dois le dire il ne m’a pas fait très bonne impression. Un peu naïf sur les bords, moralisateur, pédant et presque adolescent attardé, je me suis demandé, avant de le lire, si j’avais bien fait de l’acheter. Heureusement, en occasion il ne m’a pas coûté cher. Et puis au final, et malgré cette première mauvaise impression, ce n’était pas si mal. Pas génial, mais pas si mal.

 

Pas génial parce que dès la première page, dès les premières lignes, Benchetrit fait parler ses personnages avec une grossièreté sans grand intérêt. Pas génial parce que cette grossièreté se répète un peu trop. Pas génial parce que, que ce soit lorsqu’il fait parler des personnages ou lorsqu’il raconte par le biais du narrateur, le branleur, dans les deux cas, c’est écrit en langage parlé. On met du temps à se rendre compte que les pensées du narrateur sont un peu plus soutenues. Dans les paroles des personnages il supprime les signes de la négation écrite, dans le récit, non. En tout cas pas dans le corps du livre. Il faut passer les 20 premières pages pour s’y faire. Le style parlé à l’écrit peut avoir son intérêt mais il faut bien le manier et il ne faut pas en abuser. Donc pas génial parce que ce n’est pas assez réussi.

 

Mais pas si mal parce que les réflexions et les remarques singulières et atypiques du narrateur finissent par nous plaire. Pas si mal parce qu’on s’y attache petit à petit au narrateur Roman Stern, à son chien — bien qu’un peu moins —, à sa tante voire à sa grand-mère sur la fin. On se familiarise avec lui comme avec le danseur du vacarme dans la salle de bal de François Vallejo. On finit par le trouver pas si glandeur ce branleur, et pas si bête cet idiot, pas si paresseux cet héritier devenu petit chef d’une entreprise originale. On finit même par percevoir quelques caractéristiques personnelles de l’auteur dans le narrateur : son terroir tout d’abord à Champigny-sur-Marne dans le 94 et donc les environs (ce qui devrait plaire aux habitants du 94 décidément gâtés par certains auteurs — Maurice g dantec, les racines du mal), et puis l’origine de sa famille, la vieille grand-mère, le grand père rabbin décédé, l’oncle religieux illuminé, juif puis chrétien puis bouddhiste, et puis le désintérêt du narrateur pour toutes ces traditions. Sans savoir ce qui tient exactement du réel, on sent quelque chose de personnel, d’intime, et c’est toujours ce qui plaît dans un roman.

 

Après les 20 premières pages, Benchetrit se perd moins dans une vulgarité plutôt inutile au début. Il reste toutefois encore à mettre un peu d’ordre dans les événements. On ne comprend pas trop le rôle de J-F mis à part le fait de le remplacer au travail quand il fait autre chose, on ne perçoit que mal l’intérêt de son amour absurde pour Marie Iram ainsi que son décès, et on ne trouve pas toujours de logique à l’action du narrateur Certes on a compris, c’est un branleur, une tête en l’air, un rêveur et quelqu’un qui ne fait pas grand-chose de sa vie donc une histoire qui n’a pas besoin de particulièrement de logique, mais celle-ci aurait néanmoins gagné à être, ou bien resserrée sur une action particulière — sa Société des plaintes par exemple (qui soit dit en passant fait un peu penser au Bureau des plaintes sur France 2), ou bien plus éparpillée encore, de façon à prendre comme thème l’éparpillement en soi, c’est-à-dire l’incertitude du narrateur, sa tendance à ne rien faire jusqu’au bout, à glander comme un vrai branleur.

 

C’est un petit livre de branleur, par un branleur pour des branleurs. Ca ne convaincra pas les grands auteurs ou les amoureux de grande littérature, mais les jeunes branleurs de classe littéraire ou les étudiants branleurs. Ca peut leur rappeler un peu de souvenir, les faire rire ou les mettre en garde, ce ne serait pas plus mal non plus. C’est un branleur qui vous le dit.

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