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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 10:38
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Bonjour à tous,

Je suis heureux de vous annoncer la sortie de mon premier romanL'an prochain à Tel Aviv, qui raconte les aventures de jeunes immigrés français à Tel Aviv.

Vous trouverez ci-dessous la présentation du roman.

 

En plus d'ici même sur mon blog mishauzan.com, le livre est d'ores et déjà disponible en version papier sur Lulu.com (Attention, en entrant votre code postal, lulu demande parfois un code en 7 chiffres, ajoutez simplement 00 avant votre code postal, cela vous évitera bien des énervenments :)).

 

Vous pouvez également vous le procurer en version électronique (epub ou PDF) sur kobo.com (web ou application) et lulu.com ou également ici même sur mon blog mishauzan.com, ainsi qu'en version électronique Kindle sur Amazon Kindle (web ou application).

 

Pour ceux qui préféreraient passer directement par moi, n'hésitez pas non plus à me contacter via la touche Contact.

 

La version électronique peut être lue sur liseuses, tablettes, smartphones et ordinateurs.

Pour ceux qui ont un iPad ou un un iPhone, les versions Epub et PDF sont compatibles. De même pour les Android ou les Windows Phone et tablettes.

 

N'hésitez pas non plus à le partager sur les réseaux sociaux et à le faire connaître à vos proches et amis.

Merci de votre soutien.

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Voici la présentation officielle du roman : 

 

David, Yoan et Hanna sont de jeunes immigrants français qui s’installent dans la trépidante Tel Aviv. De bars branchés en bases militaires ils se confrontent aux mirages de la terre promise.

Sur fond de quête de l’âme soeur et de fins de mois difficiles, vont-ils perdre leurs repères identitaires dans un pays dont la culture leur est à la fois si proche et si éloignée?

Loin des clichés sur la guerre ou la religion, c'est un autre Israël que le lecteur découvre : société paradoxale entre Orient et Occident, modernité et tradition, judéité et sécularisme.

Mêlant humour et réflexions, L'An prochain à Tel Aviv aborde, à travers la vie de ses personnages, les problèmes universels liés à l'immigration et au changement de culture - ô combien d’actualité dans un monde globalisé.

 

Diplômé de Sciences Po Paris, journaliste et contributeur pour de nombreux médias, je vis en Israël depuis 2007 et à Tel Aviv depuis 2008.

 

Très bonne lecture.

 

 

Merci à tous.

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 14:13
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L-an-prochain-a-Tel-Aviv.jpg

 

David, John et Hanna sont de jeunes immigrants français qui s’installent dans la trépidante Tel Aviv. De bars branchés en bases militaires ils se confrontent aux mirages de la terre promise.

Sur fond de quête de l’âme soeur et de fins de mois difficiles, vont-ils perdre leurs repères identitaires dans un pays dont la culture leur est à la fois si proche et si éloignée?

Loin des clichés sur la guerre ou la religion, c'est un autre Israël que le lecteur découvre : société paradoxale entre Orient et Occident, modernité et tradition, judéité et sécularisme.

Mêlant humour et réflexions, L'An prochain à Tel Aviv aborde, à travers la vie de ses personnages, les problèmes universels liés à l'immigration et au changement de culture - ô combien d’actualité dans un monde globalisé.

Misha Uzan est diplômé de Sciences Po Paris. Journaliste et contributeur pour de nombreux médias, il vit en Israël depuis 2007 et à Tel Aviv depuis 2008

 

Diplômé de Sciences Po Paris, journaliste et contributeur pour de nombreux médias, je vis en Israël depuis 2007 et à Tel Aviv depuis 2008.

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 16:55

Catherine Siguret, L'amour en miettes, Paris : Albin Michel, 2012 (en librairie depuis le 25 janvier 2012)

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"Toutes les chansons racontent la même histoire" disait Laurent Voulzy, "c'est toujours un garçon et une fille au désespoir". Et tous les livres parlent d'amour, ou d'érotisme, de sexe, de sensualité. C'est pourquoi Catherine Siguret, spécialiste de l'amour et auteur d'une quarantaine de romans parmi lesquels Je vous aime, Enfin nue et Tout pour le mieux, a choisi cette fois, de mettre les pieds dans le plat. S'il faut parler d'amour, alors autant en parler directement. Témoigner, le retourner, le démonter. Catherine Siguret aborde donc le chagrin d'amour : en 70 "miettes", des petits chapitres, clés ou entrées, elle décortique tout ce qu'il y a à dire sur le chagrin d'amour. Ce qu'on ressent, ce qu'on fait, ce qu'on attend : les pleurs, facebook (il manquerait les Tweets), les autres compagnons dont on se fiche un peu, le fait de se coucher tout(e) seul(e), ou de ne pas pouvoir se coucher, tout y passe.

 

Catherine Siguret ajoute aussi une touche bien à elle, elle qui se penche vers le judaïsme, en prenant une démarche talmudique à l'étude du chagrin d'amour. Elle essaie oublier à la synagogue, elle chante Lekha Dodi, elle dit même que l'amour est juif.

 

Voir sur ce point mon article sur JSS News.

 

Autre qualité du livre – clin d'œil aux habitués -, il est court. 200 pages en lignes bien écartées, c'est facile à lire, ça devient même touchant et on commence aussi à s'imaginer son propre cas à partir de la moitié de l'ouvrage – ce qui est le but de tout écrivain. Les lecteurs paresseux ― et nous sommes nombreux ― n'auront donc pas le temps de s'ennuyer. C'est un livre en réalité, comme tout bon abécédaire, dictionnaire, encyclopédie, à conserver ensuite dans sa bibliothèque, et à sortir lorsqu'on a du chagrin, qu'on est déprimé, ou qu'on veut se la jouer devant ses invités.

 

Misha Uzan

 

Voir aussi mes articles sur Citizen Kane et sur Francis-info

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 16:55

 

Vladimir Zeev Jabotinski, Histoire de ma vie, Paris : Les Provinciales, 2011, traduit de l'hébreu par Pierre I. Lurçat

 Vladimir-Zeev-Jabotinski.-Histoire-de-ma-vie.jpg

Par Misha Uzan

 

« Un vieillard qui disparaît, c’est comme une bibliothèque qui brûle». Cette célèbre phrase de l'écrivain malien Amadou Hampaté Ba mériterait d'être complétée : " Lire les Mémoires ou l'autobiographie d'un grand homme, c'est comme fouiller dans sa bibliothèque personnelle".

Zeev Vladimir Jabotinski, le leader révisionnisteC'est particulièrement vrai avec Histoire de ma vie, de Vladimir Zeev Jabotinsky. On ne peut que remercier Pierre Itshak Lurçat et les éditions Les Provinciales, d'avoir traduit et édité l'autobiographie de l'initiateur du sionisme révisionniste, grand personnage du mouvement sioniste, et grand homme du XXe siècle.

 

On ne peut qu'admirer l'œuvre d'un visionnaire et prophète, un homme politique droit et sincère, traducteur de grandes œuvres, écrivain à la plume belle et puissante, polyglotte redoutable.

 

Ce n'est pas l'homme politique, le théoricien ni même l'écrivain que nous raconte Jabotinsky dans ses pages, c'est l'homme qu'il a été. Avec une sincérité étonnante, n'hésitant pas à confesser ses erreurs, ses oublis, ses imprécisions, confessant ses défauts, il nous livre ses sentiments, ses pensées, ses amitiés. Depuis sa naissance à Odessa, les phrases de sa mère, son éducation, ses lectures, jusqu'après la première guerre mondiale, on suit Jabotinski presque partout en Europe : en Russie sa "patrie matérielle", en Italie "sa patrie spirituelle", en Suisse, en Pologne, en France ou en Eretz Israël. On découvre un Jabotinski tour à tour et tout en même temps journaliste, étudiant, responsable et activiste politique puis penseur, auteur. Avec lui on croise quelques grands hommes de son époque : Herzl bien sûr qu'il n'a pu voir qu'une seule fois, mais aussi Weizmann, les deux Syrkin (Nahum et Bahman), Yehouda Gordon, et de nombreux leaders, auteurs et professeurs européens de l'époque, dont la plupart sont aujourd'hui inconnus. En s'arrêtant brusquement aux environs de 1920, Jabotinski nous parle beaucoup de l'Europe, un peu du sionisme, et pas tant que ça d'Israël.  Mais on apprend beaucoup en sa compagnie. Pas seulement sur lui-même. On découvre aussi de nombreuses péripéties ou petits détails, trop nombreux pour tous les citer mais dont on perçoit parfois l'influence, plus quatre vingt ans plus tard. A titre d'exemple, Jabotinsky indique comment nul ne l'a pris au sérieux, y compris dans le camp sioniste, lorsqu'il a mentionné sa volonté de faire de l'hébreu la première langue d'enseignement juif en diaspora. Si elle avait été plus appliquée, une telle mesure aurait évité bien des soucis à des millions d'immigrants en Israël, jusqu'à aujourd'hui. Là encore Jabotinski était visionnaire.

 

Histoire de ma vie présente l'histoire personnelle d'une des plus grandes figures du sionisme, d'un politique, écrivain et homme de talent trop souvent oublié et injustement dénigré. On ne peut plus apprendre le sionisme sans Jabotinski et son Histoire de ma vie.

 

 

* 

Terminons par deux exemples typiques riches d'enseignement et trop souvent inconnus.

 

Jabotinski n'est pas seulement trop peu connu du public occidental qui attache un intérêt – bon ou mauvais – à l'Etat d'Israël. Il est aussi trop mal connu, y compris des intellectuels.

Dans son livre – minable disons-le – sur Les intellectuels faussaires (Paris : Stock, 2011), Pascal Boniface, dans son chapitre, inintéressant et enfantin sur Frédéric Encel, qualifie Jabotinski au détour d'une phrase de "chef historique de l'extrême droite israélienne".

Boniface ne connaît apparemment rien de la politique israélienne et de l'arène politique en Israël. Jabotinsky, admirateur de Garibaldi et de Mazzini, et non de Mussolini, comme le rappelle Pierre Lurçat dans sa postface, est un "libéral à l'ancienne" et un démocrate. Libre à Boniface de penser ce qu'il veut de la droite israélienne, mais Jabotinski est le leader historique de la droite israélienne (encore que certaines de ses idées sont empruntées largement par la gauche), et non de l'extrême droite. Le qualifier ainsi n'a pas de sens. Jabotinski, qui n'était pas socialiste, serait même à la gauche des droites européennes à son époque. Histoire de ma vie montre une fois de plus qu'il était humaniste, tolérant, ouvert et hostile au racisme qui qualifie l'extrême droite.

On ne saurait que citer à nouveau cette phrase :

"Je déteste à un point extrême, de manière organique, d’une haine qui échappe à toute justification, à la rationalité et à la réalité même, toute idée montrant une différence de valeur entre un homme et son prochain. Cela ne relève peut-être pas de la démocratie mais de son contraire : je crois que tout homme est un roi…

Vladimir Zeev Jabotinsky"
Histoire de ma vie

 

Dans sa postface, Pierre I. Lurçat complète l'absence d'autobiographie de Jabotinski sur les vingt dernières années de sa vie par un historique de quelques pages, essentiel à la compréhension de l'homme politique qu'il fut.

Il rappelle ainsi qu'à l'origine, le mandat britannique qui promet un "foyer national juif" via la déclaration Balfour s'étale sur les deux rives du Jourdain, il comprend donc l'actuel Jordanie, et l'actuel Etat d'Israël. En 1922 Churchill fait cadeau unilatéralement aux Hachémites de 80% du territoire mandaté. La revendication sioniste est donc amputée de 80% du territoire revendiqué et promis par la déclaration Balfour. Pour la droite israélienne donc, dont Jabotinski est le chef historique, il y a déjà eu partage, et plus qu'inégalitaire. Comment donc en accepter encore un autre? C'est ce que fera néanmoins la gauche et Israël naîtra sur une portion ridicule du territoire revendiqué, 90% environ des territoires seront occupés par les Arabes par le biais de la Transjordanie. De partage en partage, de découpages en découpages, on ne peut empêcher une partie au moins de la classe politique israélienne, d'observer l'histoire de l'Israël moderne comme celle d'une peau de chagrin.

 

Voir également, entre autres, sur Jabotinsky :

Shmuel Katz, Lone Wolf. A biography of Vladimir Ze'ev Jabotinski

Yaacov Shavit, Jabotinsky and the Revisionist Movement, 1925-1948

 

  Sur la guerre des langues au pays d'Israël voir mon article sur la création de l'hébreu moderne : http://www.mishauzan.com/article-la-creation-de-l-hebreu-moderne-49137530.html

 Cité in Alain Dieckhoff, L'invention d'une nation. Israël et la modernité politique, Paris : Gallimard, 1993

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 16:47

David Horowitz, Guy Millière, Comment le peuple palestinien fut inventé, Neuilly : Editions David Reinharc, 2011

Guy-Milliere.-Comment-le-peuple-palestinien-fut-invente.jpg

 

David-Horowitz.jpgDavid Horowitz est un intellectuel américain, fondateur de la Nouvelle gauche puis néo-conservateur. Il a publié de nombreux ouvrages dont son autobiographie Radical son, le plus connu.

 

 

 

Guy MillièreGuy Millière est un intellectuel et professeur français, économiste, géopolitologue et traducteur, spécialisé sur les Etats-Unis mais qui écrit également sur beaucoup d'autres sujets.

 

 

 

Ce livre est un tout petit ouvrage, pas même 60 pages, avec de gros caractères. Il se lit en une heure maximum. Il est composé d'une préface de Guy Millière, d'un texte de David Horowitz composé de quelques chapitres de quelques pages chacun, et d'une deuxième partie de Guy Millière qui s'apparente plus à un article d'humeur sur la dernière sortie de Mahmoud Abbas à l'ONU.

 

De par l'annonce qui en a été faite dans certains milieux, sur certains sites, et de par le titre choisi, on s'attendait à un livre événement.

 

Un livre intellectuel qui ferait toute la lumière sur le mouvement arabo-palestiniste[1]et qui remettrait en place par la même occasion le livre de Shlomo Sand, non pas abjecte, mais absurde et hors de contexte, Comment le peuple juif fut inventé.

 

 

On s'attendait, je m'attendais :

 

-          à un ouvrage important, véritable conceptualisation et intellectualisation

 

-          à une remise en contexte, à une explication détaillée ainsi qu'une vision d'ensemble du conflit israélo-arabe, voire judéo-arabe. De ce point de vue, le livre ne va pas assez loin.

 

-          à une critique sévère des conclusions politiques de Shlomo Sand sur l'Etat d'Israël et le mouvement sioniste, dans son livre

 

-          à une critique intellectuelle montrant la limite de la réflexion de Sand sur le rapport peuple/religion (qui n'est ni nouvelle ni originale), réflexion accompagnée de conclusions hâtives et simplificatrices

 

-          à une réflexion intellectuelle sur la question démographique et sur la question sémantique du conflit israélo-arabe

 

-          à un recadrage intellectuel des vulgarisations de l'emploi de termes utilisés à tort et à travers comme nation, peuple, religion, à travers une approche explicative des théories de la nation, qu'elles soient modernistes (Gellner, Hobsbawn, Anderson, Hroch…), primordialistes ou ethno-symbolistes (Armstrong, Smith, Geertz, Barth), ou fonctionnalistes et instrumentalistes (Nairn, Kedourie, Connor)

 

-          éventuellement à une esquisse de solution ou de reconstruction sur une autre base que celle proposée la doxa intellectuelle gauchisante ou par les post-sionistes

 

 

 

C'étant sans doute trop en attendre.

 

 

 

Certes, tout ce qui est dit dans le texte de David Horowitz est véridique et incontestable. Il ne dit finalement que des choses simples, basiques, que toute personne qui s'intéresse un peu au conflit connaît.

 

L'OLP, en effet, a été créée en 1964 par la ligue arabe et la "libération de la Palestine" s'assimilait bien à la destruction de l'Etat d'Israël, car Israël n'avait pas encore souveraineté sur les régions de Judée et Samarie (autrement appelées Cisjordanie par référence à leur possession par la Jordanie entre 1948 et 1967) et il n'y avait pas de revendication de territoires autonomes ou indépendants sur l'Egypte ou la Jordanie.

 

De même, ce sont les services de Nasser et le KGB qui ont conçu a posteriori, à la fin des années 50, la création sémantique d'un "peuple palestinien" pour désigner la population arabe déplacée par le conflit. Une création sémantique très pratique pour servir d'arme contre Israël et masquer, qui plus est, leur propre traitement de ces populations. Cette expression n'avait aucun sens auparavant puisque les Juifs de la région étaient appelés "palestiniens", qui est un terme qui, d'une certaine façon, est un terme sioniste.

 

 

 

David Horowitz revient donc sur ces quelques points essentiels et quelques autres, mais c'est tout. A défaut d'un plus grand développement et d'une plus grande intellectualisation, l'ouvrage reste fort insuffisant.

 

 

 

Il convient donc de se demander l'apport de l'ouvrage et le but précis des auteurs.

 

 

 

Il s'apparente plus à un manifeste, clair, concis et percutant. Il faudrait alors le compléter par d'autres ouvrages du même ton, par exemple Mythes et réalités du Proche-Orient de Mitchell Geoffrey Bard et Liliane Messika (Raphaël, 2003), La cuisson du Homard (Michalon, 2001) de Michel Gurfinikiel, voire Géopolitique de Jérusalem (Flammarion, 2008) de Frédéric Encel.

 

Le livre de Horowitz et Millière servirait donc sans doute à l'enseignement bref du conflit israélo-arabe au sein de groupes de militants, il pourrait aussi servir de petit manuel d'introduction à des lycéens ou étudiants en quête d'une première approche.

 

 

 

Mais je ne crois pas qu'il puisse déboulonner le débat ou convaincre radicalement des hostiles.

 

 

[1]  Sur ce terme dont j'encourage l'emploi, car plus scientifique que les termes propagandistes utilisés aujourd'hui par les médias du monde entier, y compris en Israël, voir mon article académique Israël et les intellectuels français, de 1967 à 1982

 

 

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 17:58

 

Eric Zemmour, Mélancolie française, Paris : Fayard Denoël, 2010

 

 Eric-Zemmour.-Melancolie-francaise.jpg

 

Par Misha Uzan

 

http://mishauzan.over-blog.com

 

 

 

"Si vous n'êtes romain, soyez digne de l'être." "A Rome, fais comme les Romains". Assimilation et non pas intégration. "Vous écrivez moins bien que Chateaubriand, mais on en est tous là".

 

 

On commençait à connaître un peu ces phrases répétées presque tous les samedis par Eric Zemmour sur France 2. On peut l'écouter encore à la radio sur RTL dans Z comme Zemmour ou sur i télé dans Ca se dispute.

 

 

eric ZemmourDevenu un personnage public, un chroniqueur célèbre, un journaliste politique de renom, un intellectuel, Zemmour a publié l'an dernier sa Mélancolie française, le livre de sa vision de l'histoire française. Son "meilleur livre" a dit Christophe Barbier de L'Express à sa sortie. Je dirais plutôt le plus abouti. Mais pour le simple plaisir de la lecture, je conseillerais plutôt petit frère.

 

 

 

Eric Zemmour fait la preuve ici de ses connaissances étendues et précises, et démontre sa capacité à avoir une vision d'ensemble sur l'histoire de la France. D'en avoir sa propre lecture. Il en a plus ou moins une perception de gaulliste indépendant, mais de gaulliste intellectuel, ce qui diffère de l'héritage du gaullisme en politique, aujourd'hui l'UMP, qui a trahi la plupart des principes de De Gaulle. Pour le pire et pour le meilleur, chacun jugera.

 

 

 

L'ouvrage assomme le lecteur à ses débuts, ce qui ne le rend pas toujours passionnant. En prenant la position du grand intellectuel qu'il rêve d'être, Zemmour prend le risque de perdre le lecteur, largué par les nombreux éléments d'histoire tels qu'il a choisis de les montrer. Au moyen-âge, à la Renaissance, qui ne sont pas toujours les périodes les mieux connues.

 

 

 

On préférera donc certains chapitres à d'autres. "Le maréchal" et "Le général" m'ont paru être les plus percutants. Il y a beaucoup d'éléments qui mériteraient de faire l'objet de développements. Dans l'ensemble Zemmour réussit le pari d'être surprenant, brillant et de prendre à contre-pied tous les clichés et toutes les considérations habituelles. Sa thèse d'une France hantée par l'image de l'Empire romain, imitée par l'Allemagne (Le Saint Empire romain germanique), et agressée, gênée, mais battue par sa Carthage (l'Angleterre) est scientifiquement efficiente et crédible. Elle est en soi intéressante.

 

 

 

Enfin, d'un point de vue normatif, j'aurais pour principale critique le fait que sa conception du monde paraît parfois trop franco-centrée, en tout cas trop favorable à un modèle français qui échoue face à la mondialisation, un modèle trop statique, trop idéaliste parfois, trop naïf, qui se maintient peut-être dans une vision traditionnelle, et qui ne paraît pas toujours être le meilleur. Sans tomber dans l'anti-américanisme, on sent toutefois comme une opposition anthropologique dans l'esprit d'un défenseur de la nation française et de sa grande histoire comme Zemmour, et l'esprit libéral anglais, puis américain.

 

 

 

Telle est l'impression générale qui ressort de ce livre, plusieurs semaines, déjà, après l'avoir lu. Mais c'est un livre qui, je crois, mérite sa place dans une bibliothèque et mériterait aussi d'être ressorti au cours des discussions de famille et d'être relu, entièrement, et par morceaux.

 

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 10:33

Philip Roth, L'habit ne fait pas le moine, Paris : Gallimard, 2003 [1962], traduit de l'américain par Céline Zins

 

Philip-Roth.-L-habit-ne-fait-pas-le-moine.jpg

 

Deux nouvelles composent ce petit ouvrage : Défenseur de la foi et L'habit ne fait pas le moine. Toutes les deux sont extraites d'une des grandes œuvres de Philip Roth : Goodbye, Columbus.

 

Bien que le livre porte le titre le plus accrocheur des deux nouvelles, c'est en fait Défenseur de la foi qui prend l'essentiel de la place, et c'est aussi à mon sens, la meilleure des deux nouvelles.

 

Philip Roth y évoque en filigrane plusieurs thèmes à la fois juifs, américains et plus généraux. L'histoire se passe en 1945, aux Etats-Unis, dans l'armée américaine, dans une compagnie d'instruction, c'est-à-dire en phase d'intégration à l'armée, celle où tout soldat apprend ce que signifie être soldat. Le sergent Marx, ancien combattant en Europe, y est affecté, pour diriger des hommes. Il fait la connaissance d'un jeune soldat juif, Sheldon Grossbart, et de ses deux amis, juifs également. Parce que Marx est  juif lui aussi et reconnu comme tel, Grossbart entend obtenir quelques faveurs. Il lui demande d'abord le droit d'aller prier le vendredi soir. C'est en fait un moyen d'éviter des corvées. Un classique en période d'instruction[1]. Mais Grossbart va plus loin. Il se plaint d'bord de la nourriture non cachère[2], pas pour lui dit-il, pour ses amis. Puis il fait accroire que son père a envoyé une lettre à un député. Elle fut en fait écrite de ses mains. Et petit à petit il tente de jouer sur la corde de la solidarité religieuse avec Marx. Il argumente, il prend le cas des juifs d'Europe en exemple, eux qui dit-il, n'ont pas su se soutenir suffisamment pour éviter le malheur qui leur est tombé dessus. Il demande une permission de sortie, il évoque sa tristesse de ne pas pouvoir passer un seder (un repas de pâques) avec sa famille, un mois après la pâque juive. Il parvient même à se faire réformer de l'affectation dans le pacifique par un autre piston juif. Mais Marx a compris son petit jeu, et il a plus d'un tour dans sa poche.

 

Ce sont plusieurs dilemmes que souligne ici Philip Roth : le rapport de la laïcité avec les pratiques religieuses spécifiques (une question d'actualité en France, mais Roth parle des Etats-Unis de 1945), la question du communautarisme juif aux Etats-Unis (la France encore y est confrontée aujourd'hui, même si les juifs ne tiennent pas là le premier rôle), ou la solidarité communautaire ou religieuse. On pourrait aussi évoquer, pour les pistons, le phénomène inverse. Il n'est pas rare qu'un juif, bien au contraire, fasse couler d'autres juifs, justement pour éviter toute accusation de favoritisme. Roth ne laisse pas entièrement la question de côté.

 

Le tout est de toute façon plaisant, amusant et facile à lire. On n'a pas le temps de s'ennuyer. Même chose dans L'habit ne fait pas le moine qui raconte les souvenirs d'un jeune lycéen qui fait connaissance avec deux caïds plus ou moins reconvertis, Albie Pelagutti et Duke Scarpa, fils d'immigrants italiens. Néanmoins les messages portés par cette deuxième nouvelle me paraissent moins clairs. Même le titre ne semble pas coller parfaitement. Je retiendrai surtout cette nouvelle pour sa partie de base-ball, le sport culte des Américains, pourtant si ennuyeux à regarder. Albie, qui se fait passer pour un champion, est en fait un nul qui ne connaît pas même les règles. J'ai alors réalisé que je n'en savais pas plus que lui. Comme le dit le héros, seul un vrai américain comprend réellement le base-ball, c'est un peu comme le cricket en dehors du Common Wealth, ça n'intéresse personne.



[1] Il est intéressant de remarquer qu'en Israël, aujourd'hui, dans Tsahal, ce n'est pas le fait d'être juif qui donne une permission de s'éclipser pour la prière, mais d'être ou de se prétendre religieux, observant. C'est un bon moyen d'éviter de nettoyer les chiottes le matin. Les questions d'observances religieuses changent de forme mais restent les mêmes.

[2]  Ce cas en revanche ne se pose pas en Israël (à l'exception de quelques ultra-orthodoxes qui excellent dans l'exagération de la cacherout) puisque la nourriture à l'armée, est cachère.

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 14:13

  

Par Misha Uzan

 

Amélie Nothomb, Attentat, Paris : Albin Michel, 1997

 

 Amélie Nothomb. Attentat

Durant toute la lecture de ce petit roman agréable de 152 pages ― assez court et c'est une qualité ―, je me suis demandé pourquoi avoir choisi un tel titre. Je ne l'ai pas compris tout de suite en le finissant, mais seulement après une petite réflexion. Et encore… j'aurais peut-être deux explications, voire trois … aussi, sauf si j'ai manqué un indice déterminant, il me semble que le titre n'est pas tout à fait approprié, ou tiré par les cheveux.

Que l'intéressé le sache en tout cas, il ne s'agit pas d'attentat. C'est une histoire d'amour, un drame et une réflexion romanesque et littéraire sur un thème universel : la laideur et son contraire, la beauté. Epiphane Ottos est un personnage hideux, un Quasimodo moderne. C'est ainsi qu'il est né et depuis, rien n'a changé. Il sait qu'il est affreux, il vit avec. Trop laid pour avoir jamais connu une femme, il rencontre néanmoins Ethel, une jeune et belle actrice. Emue par sa hideur, amusée par son caractère, elle s'attache à lui et il devient "son meilleur ami", au grand regret du concerné. Mais Epiphane, devenu une star de la mode qui, par sa laideur, renvoie en miroir la beauté des mannequins ― c'est la fonction qui lui est établie ― ne trouve pas satisfaction auprès des tops model les plus belles du monde. Bien qu'elles parient à qui couchera en premier avec lui, Quasimodo reste fidèle à Ethel, en secret.

L'histoire est amusante, comme le sont les propos décalés du Quasimodo moderne, un personnage antipathique dans la vie, mais sympathique au lecteur. On lit avec intérêt, et sans se lasser, ses péripéties. La qualité majeure du livre est de parvenir à communiquer les sentiments profonds d'un homme moche, tout en étant écrit par une femme.

Toutefois, les commentaires, réflexions et théories du personnage narrateur ne paraissent pas toujours pertinentes. Si on peut comprendre qu'un thème comme le rapport des hommes et des femmes à la beauté est infini et insolvable, l'emploi d'Epiphane dans une agence de mode n'est pas convaincant. Un être repoussant aux côtés d'un être attirant ne provoque pas nécessairement une plus forte attraction envers le second. Il peut au contraire provoquer un dégoût généralisé. De même les réflexions du Quasimodo sur le masochisme des gens qui mangent sans faim et sans goût, nous paraissent discutables. En bref, le livre à quelques écarts. Comme la fin, qui n'est pas particulièrement originale, qui répète celle de chefs d'œuvre de la littérature, et qui m'a surtout fait penser à une chanson de Johnny Halliday (je ne dirai pas laquelle pour ne pas gâcher le plaisir à ceux qui voudraient le lire).

 

On sent néanmoins que la révélation littéraire de 1992, auteur des Catilinaires et d'Hygiène de l'assassin, a un potentiel certain, qui se forge, et se développe. La lecture des résumés de ses autres ouvrages montre qu'elle regorge d'idées loufoques et d'imagination.

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 18:39

Marc Levy, Vous revoir, Paris : Pocket, 2009 [2005]

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Par Misha Uzan.

On dira ce qu'on veut sur les Musso, et les Marc Levy. J'en ai déjà dit quelques mots. C'est un peu comme un film ou une série. On peut leur reprocher pas mal de choses, mais je crois que, si leur succès est aussi grand, c'est d'abord parce que ça détend.

Après la lecture de discussions philosophiques et intellectuelles de Finkielkraut, j'ai ressenti le besoin de me détendre dans la lecture. Un petit roman de Marc Levy était bien tombé. Une belle couverture, un format de poche, une lecture facile, rapide, sans difficulté. De quoi lire avant de se coucher.

 

Je n'ai pas tout de suite accroché au scénario, à l'histoire de Vous revoir. Même sans avoir lu Et si c'était vrai, on sent que l'auteur prépare la rencontre-retrouvaille d'Arthur et de Lauren. Le procédé est connu, il fait avancer l'histoire en décrivant l'un après l'autre les gestes de chaque personnage, Arthur, Paul, Lauren, la voisine, le professeur, la mère de Lauren, puis le policier, etc. Jusqu'à ce que tout s'emboîte. C'est un peu long à démarrer disons-le. Mais on se laisse enfin porter par les événements au premier rendez-vous entre Arthur et Lauren. Marc Lévy fait un peu plus dans les histoires d'amour que Musso, un peu moins dans le surnaturel. Chacun son truc. Les deux hommes situent leur décor aux Etats-Unis, dans les grandes villes américaines parfaites et presque faites pour un film. Vous revoir se passe à San Francisco. L'auteur ne s'acharne pas sur les environs, ni sur la société environnante, on pourrait presque être n'importe où dans une grande ville, s'il ne finissait par donner quelques détails propres à cette ville, mais là n'est pas l'essentiel.

Comme Musso, Lévy privilégie l'histoire, le récit et les émotions. Arthur a sauvé Lauren de la mort lorsqu'elle était dans le coma, et à présent c'est Lauren qui sauve Arthur, sans savoir qui il est. On eut dit un drame sur M6 le dimanche (personnellement je n'ai pas M6 là où j'habite mais une chef de film de drames qui conviendrait tout à fait), et c'est un compliment.

C'est un roman qui raconte une belle histoire, qui détend. L'originalité n'est pas tant dans l'écriture mais plutôt dans l'imagination de l'auteur.

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 11:21

Alain Finkielkraut (dir.), L'interminable écriture de l'extermination, Paris : Stock, octobre 2010, Répliques

 

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Par Misha Uzan

Dans la collection Répliques, Alain Finkielkraut retranscrit par écrit les dialogues de son émission sur la radio France Culture. En 2006 il publiait Ce que peut la littérature (voir également son éloge à la littérature dans Un cœur intelligent, Paris : Stock/ Flammarion, septembre 2009), en 2007 Qu'est-ce que la France? et la même année La Querelle de l'école.

Dans L'interminable écriture de l'extermination sont rassemblées les principales émissions autour du nazisme et de la Shoah. Ce qui motive ce livre c'est l'omniprésence de la Shoah. En préface et en quatrième de couverture, Finkielkraut explique : "Une civilisation qui oublie son passé est condamnée à le revivre" a dit le philosophe américain George Santayana au début du XXe siècle, mais "voici que surgit, poursuit Finkielkraut, pour cette civilisation, un problème inattendu : non pas l'oubli du crime mais l'oubli de tout le reste. Hitler hante notre actualité, et du passé désormais personne d'autre, ou presque, ne surnage". Voilà que Finkielkraut s'interroge sur ce que nous avons-nous-même nommé le "shoaïsme" dans une étude sur les intellectuels français et Israël[1], et que Gilles William Goldnadel a appelé le "shoatisme"[2]plus général de la société.

 

Ouvrage collectif, il permet de faire un tour d'horizon des grandes sorties de livres, des grands débats, des grandes recherches de ces quinze dernières années dans tout ce qui tourne autour de la seconde guerre mondiale et ses suites. Finkielkraut et ses invités discutent des Bienveillantes de Jonathan Littell, d'Auschwitz, des bourreaux volontaires de Hiltler de Goldnagen ou des Hommes ordinaires de Browning, de Vichy et le passé qui ne passe pas avec Henry Rousso et Eric Conan ou encore d'Heidegger, de Carl Schmitt, de Jan Karski avec Yannick Haenel et Annette Wieviorka, de Sebastian Haffner, de Paul Celan ou tout simplement du siècle avec Alain Badiou. C'est en fait un excellent livre de révisions ou de découvertes pour un étudiant en sciences humaines en deuxième cycle.

 

Ouvrage de retranscription, il permet aussi d'alléger les discussions. Plutôt que de lourds textes posés, réfléchis, que ne comprennent que leurs auteurs, la discussion se lit plus facilement et se comprend mieux. On n'échappe pas néanmoins à quelques écueils. Il n'est pas toujours aisé de prendre position pour l'un ou l'autre des intervenants, pour un propos ou pour un autre si, par exemple, on n'a pas lu le livre dont il est question; et malgré les dialogues on nage parfois dans une philosophie pure assez complexe. Dans des discussions très générales sur de grands ordres d'idées, dans "Le siècle du mal" avec Myriam Revault d'Allonnes et Jean François Bouthors, ou dans "Penser le XXe siècle" avec Alain Badiou et Paul Thibaud, on a parfois l'impression que les intervenants parlent pour ne rien dire, ou qu'ils ne se comprennent pas vraiment. C'est particulièrement le cas dans des discussions hautement philosophiques sur le sens de termes, de notions forgées par des philosophes comme Schmitt ou Heidegger. Les différents spécialistes de l'auteur ne le comprennent pas eux-mêmes de la même façon, ils peinent à se faire comprendre par leur répondant … la discussion tourne en explication sans fin de ce qu'on entend par tel ou tel terme. Pour le lecteur, surtout si on n'est pas soi-même un spécialiste d'Heidegger, de Celan, de Schmitt, on a beau s'accrocher, il est difficile d'éviter l'ennui.

 

Heureusement le livre est divisé en articles, chaque discussion séparément, centrée sur un thème précis, et on peut passer à autre chose, ou tout simplement choisir ses thèmes favoris. Laisser un texte de côté, et le reprendre plus tard.

 

Finkielkraut accompagne ces débats avec recul et sagesse, tout en n'hésitant pas à contester les intervenants, à les pousser dans leurs retranchements ou à les faires réfléchir sur telle ou telle conception. De ce point de vue, le philosophe signe un autre livre savant qui livre un regard (des regards) passionnant(s), cultivé(s) et intelligent(s) sur notre monde.

 

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[1]Misha Uzan, Israël et les intellectuels français, de 1967 à 1982, in Controverses, février 2008 

[2]  Gille William Goldnadel, Les Martyrocrates, Dérives et impostures de l’idéologie victimaire, Paris : Plon, février 2004. Voir aussi notre article Shoah, shoah, shoah

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