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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 17:54

Marek Halter, Le Vent des Khazars, Paris : Robert Laffont, avril 2001, 357 pp.

 

 Marek Halter . Le Vent des Khazars

Quelle grande épopée que celle des Khazars ! Une tribu semi-nomade au nord de la mer noire et de la mer Caspienne que certains aujourd’hui encore dans le Caucase appellent la Mer des Khazars. Une tribu dite d’ethnie turque qui fonda au 7e siècle un royaume, le royaume des Khazars. Un royaume entouré des Slaves, des Hongrois, de la Perse, de l’Empire byzantin puis de l’Empire islamique. Peuplade dont l’existence est attestée entre le 7e et le 13e siècle, elle retint le regard de grands auteurs comme Yehouda Halevi ou Arthur Koestler. Pour une grande raison : au 8e siècle, Bulan le Khagan des Khazars, encerclé par les chrétiens d’Orient et les musulmans, choisit pour religion dans son royaume : le judaïsme.

 

 

Lui aussi grand auteur, grande figure du monde, Marek Halter retrace leurs aventures dans un roman passionnant qui mêle thriller, fiction et histoire. L’écriture est belle et limpide, le style fluide, la lecture aisée et attrayante. On reconnaît dans un tel livre ce petit quelque chose qui fait la réputation de certains grands écrivains.

 

Tour à tour on suit l’épopée de Khazars du Xe siècle et l’enquête historique menée par Marc Sofer, un auteur contemporain qui fait évidemment penser à Marek Halter lui-même. On est alternativement à Sarkel en 939 avec la belle princesse Attex, la Kathum, et sa servante Attiana, puis à Montmartre en l’an 2000 avec Marc Sofer, interrogé par des journalistes sur son dernier livre. On lit dans un chapitre les aventures du Prince Joseph et de Borouh, le Beck, son éducateur en combat ; puis dans un autre l’histoire d’un écrivain sur les traces des Khazars. D’un côté Marc Sofer veut tout savoir sur l’origine d’une pièce frappée au Xe siècle que lui a remis un certain Yakubov, un Juif des Montagnes, de l’autre Benjamin le père du Khagan prépare son petit-fils à sa bar mitsvah, la majorité juive. Dans un temps l’écrivain part à Oxford puis à Bruxelles à la recherche des traces des khazars et à la poursuite d’une belle rousse, dans un autre temps on est entraîné à la forteresse Sarkel-la-Blanche, entre Petchénègues, Byzance et Russes au nord. Les deux histoires s’alternent, se complètent et petit à petit se rejoignent. Marc Sofer part d’abord à Bakou en Azerbaïdjan, guidé par Mikhaïl Yakovlevitch Agarounov, Président de l’association des Juifs des montagnes. Puis on l’amène à Sadoue en Géorgie. Il pense à cette belle fille dont il ne sait rien mais qu’il voit partout et qui le devance à chaque fois. Il pense à ces attentats, à ces bombes qui ont fait sauter des champs de pétrole dans la région et dont un groupe, le « Renouveau Khazar » se dit responsable. Marc Sofer est un voyageur moderne. Isaac Ben Elézer lui, est venu d’Espagne pour porter au Khagan des Khazars, la lettre de son rabbin Hazdaï Ibn Shaprut. Avec ses amis Saül le commerçant et Simon (le veuf), il rejoint Sarkel puis Itil et trouve sur son chemin le fils du Khagan, Hezekiah, le rabbin khazar et Attex la Khatum. Un amour aventureux et sauvage naît entre la Khatum et le voyageur comme entre Sofer et sa belle rousse. Séparés par des chapitres au début du roman, les deux histoires ne font bientôt plus qu’une, les dialogues se mélangent, les noms, les villes, l’imagination se croisent. A plus de mille ans d’écarts, les deux chemins mènent à la grotte des Khazars, celle qui contient les secrets d’une civilisation disparue qui s’éteint sous les gisements de pétrole.

Avec talent Marek Halter construit un roman de 357 pages, bien mené, ni trop long ni trop court. Le livre depuis sa couverture nous fait voyager de Mâcon à Borjomi, en passant par Tmurtorokan, Londres, Sadoue, Bruxelles, Sarkel, Itil ou Quba en Azebaïdjan. Ici pas de grand débat sur l’origine khazare des Juifs ashkénazes lorsque leur royaume s’effondre, Le Vent des Khazars est simplement le roman d’une grande aventure. Dans un livre comme Le Fou et les Rois (Albin Michel, 1976), Marek Halter témoigne de sa naïveté dans le domaine politique, ici en littérature il en ironise et c’est même bien venu.

 

Un beau roman, une belle histoire, un bel écrit, une belle lecture, une grande aventure !

 

 

En savoir plus :

Yehouda Halevi (1080-1140), Sefer Ha Kuzari (Le livre du Khazar : Dialogue entre un roi Khazar et un sage juif), Cordoue, 1140

Arthur Koestler, La treizième tribu, Paris : Calmann-Lévy, 1976

Szyszman Simon, Les Khazars : problèmes et controverses, Paris : Extrait de la Revue de l’histoire des religions, 1957

D.M. Dunlop, The history of the Jewish Khazars, Princeton, 1954

Jacques Sapir, Jacques Piatigorsky (dir), L’Empire khazar. VIIe-XIe siècle, l'énigme d'un peuple cavalier, Paris, Autrement, coll. Mémoires, 2005

Kevin Alan Brook, The Jews of Khazaria, 2e édition, Lanham, MD: Rowman and Littlefield, 2006.

Marc Ferro, Les Tabous de l'Histoire, Nil, Paris, 2002 (chapitre: Les Juifs: tous des sémites ?)

Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008

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