Publié dans le journal Eden 94, Revue des communautés juives du 94.
CRETEIL Le 22 août 2007
Le 25 juillet 2007, plus de 600 ressortissants français réalisaient leur alyah en ISRAEL. Parmi eux, principalement des familles. Le 3 septembre, ce sont cette fois une vingtaine de jeunes diplômés et professionnels qui s’envoleront pour Israël, y passer, nous l’espérons, l’essentiel de leur vie. Ils se connaissent tous, car tous ont suivi en France et suivront encore là-bas un programme d’intégration par l’intermédiaire d’une association - Magshimim - aidant à l’insertion en Israël. Parmi eux, sept habitent le 94 : nous avons suivi leur trace.
Parmi ces membres, Paul, 25 ans, habite La Varenne Saint-Hilaire. Avec son BTS immobilier en poche, il part passer quelques mois à Londres et à New York. Mais c’est en Israël qu’il se voit depuis toujours, comme son grand frère qui y vit avec sa femme et son enfant. Si Londres ou New York connaissent quelques avantages, son pays, c’est Israël : « on l’a tellement attendu, dit-il, maintenant pourquoi ne pas y aller ? » Pour lui, un seul souci, parler l’hébreu rapidement, et bien le parler. Le reste, « c’est comme partout, il y a des difficultés, mais si tu te lèves tôt le matin et que tu bosses », avec de la volonté on surmonte les épreuves.
Une épreuve que tous préfèrent affronter en groupe. Ilana, 32 ans et psychologue vivant à Charenton, le dit sans complexe : « toute seule ça ne serait pas facile », d’autant qu’elle a beaucoup de barrières professionnelles dans son domaine ; alors le groupe, c’est un peu comme une autre famille. Et comme Ron et Lali, militants sionistes éduqués avec l’amour d’Israël et la volonté de partir qu’ont connu avant eux, leurs parents, elle apprécie le support matériel et moral que leur donne l’association. Pour Ron, 29 ans et docteur en informatique, l’idéologie, le groupe, la langue, le monde du travail, bref Israël, « c’est un état d’esprit, si tu l’as, tu y vas et tu y restes. » Chez eux presque toute la famille s’apprête à partir. Même chose chez cette autre famille de L’Hay-les-Roses. Nés tous deux à Jérusalem, Michel et Magalis’apprêtent à rejoindre leur autre frère, 30 ans, installé à Tel Aviv. Leur choix est difficile, entre la France et Israël leur coeur balance. Ici comme là-bas ils ont de la famille, et des amis. Mais Magali est tentée par le changement, une nouvelle vie, l’envie de partir. Elle est sensible aux arguments sionistes, mais elle est surtout séduite par l’atmosphère et le mode de vie israéliens. Elle aime le pays et sa langue. Certes elle appréhende beaucoup et elle confie qu’elle a un peu peur, mais elle regretterait de ne pas partir. Et autour d’elle, tous la rassurent,son frère bien sûr, et son copain, de Créteil, qui part avec elle.
Quant aux problèmes de sécurité en France, tous sont d’accords, ça n’est pas cela qui motive leur alyah, ça n’en est pas la raison principale. La situation des Juifs en France, nous dit Paul, « elle n’explique pas l’alyah, elle la précipite », simplement. Pour Ron, « ce serait fuir et un Juif doit être fort ». Cependant, il existe bien des problèmes d’antisémitisme en France et la banlieue sud n’en est pas exempte. Lali nous dit en avoir souffert bien avant les années 2000, mais ses motivations d’alyah sont ailleurs. En Israël aussi, la vie n’est pas facile de ce point de vue, la guerre et les attentats donnent aussi de quoi angoisser, ils le savent. Fort heureusement, Israël n’est plus tout seul dans ce combat, et « s’il y’en a qui arrivent à vivre avec, pourquoi je n’y arriverais pas ? », nous dit encore Lali. D’autres pensent ne jamais avoir eu peur en Israël. La question fait débat, mais alors que tout se mêle et tout se confond dans ce départ pour un nouveau pays et une nouvelle vie, une chose est sûre : très motivés, ces jeunes olim entendent mettre toutes les chances de leur côté. Car, nous dit Ilana, « il faut vivre ses rêves et non pas rêver sa vie ».
