Nouveau centre culturel à Kyriat Arba, un enterrement et une Brit Mila, la criminalité en Israël, tombeau de Joseph et site dédié aux combattants druzes
Par Misha Uzan
Un prochain boycott à Kyriat Arba ?
Les habitants des implantations se préparent à un nouveau boycott. Il y a quelques mois l’affaire du boycott du centre culturel et artistique d’Ariel en Samarie par des artistes israéliens avait beaucoup remué les médias et la société israélienne.
Rappelons-le : un boycott avait été lancé par des artistes israéliens, acteurs, comédiens etc, au motif qu’Ariel était une localité de Samarie, donc située hors des lignes de frontières du 5 juin 1967. La question avait fait débat : de par le boycott en soi, et parce qu’il s’agissait d’un lieu culturel et d’expression.
La même chose risque donc de se reproduire à Kyriat Arba, petite localité juive de 7500 personnes située dans la banlieue d’Hébron, au sud de Jérusalem et de Bethlehem, en Judée. L’association de gauche Shalom Arshav a déjà appelé le gouvernement à ne pas financer un tel édifice et les artistes israéliens à s’empêcher de s’y produire. Le dramaturge Yehoshua Sobol a déclaré : « L’affaire de Kyriat Arba est comme l’affaire d’Ariel. Je ne traverserai pas la frontière et je n’y exercerai aucune activité. » La ministre israélienne de la culture, en revanche, a indiqué que « le ministère apprécie et encourage toujours l’ouverture de nouveaux lieux de culture en Israël, notamment à Kyriat Arba. » L’affaire risque donc encore de faire grand bruit.
Décédé juste avant la Brit-Mila de son fils
Décédé juste avant la Brit-Mila de son fils.
C’est une tragédie qui a touché la famille Harosh d’Asdod. Ofir Harosh, seulement 23 ans et tout récemment père d’un nouveau petit garçon, n’a pas résisté à la pression. Il est décédé d’une crise cardiaque peu avant la Brit-Mila de son nouveau-né. Très ému à l’approche de l’événement, Ofir aurait succombé à la pression toute naturelle qu’implique une Brit-Mila pour des parents. Venus assister à une Brit-Mila et donc à un événement rempli de joie, c’est malheureusement à un enterrement soudain que les invités ont été conviés. Le cas a même fait jurisprudence rabbinique puisque, pris de court, la famille ne sut que pratiquer en premier : l’enterrement ou la Brit. Le Rav Ovadia Yossef lui-même, maître spirituel du judaïsme orthodoxe sépharade a dû statuer. L’enterrement eut lieu en priorité, puis quelques heures plus tard, fut célébrée la Brit-Mila, une façon aussi de donner priorité à la vie, à la joie, à la succession.
Affaire Grapel : suite et fin ?
Ilan Grapel, le jeune israélien accusé d’espionnage par les services de sécurité égyptiens, devrait être bientôt libéré.
Titulaire de la citoyenneté américaine, son cas avait été transféré au consulat américain. Ce sont surtout les pressions américaines qui devraient conduire à sa libération. Le consulat israélien a pu en revanche lui rendre visite et constater son bon état. L’annonce, rassurante, de cette prochaine libération, a néanmoins ouvert les critiques israéliennes sur l’action du jeune homme. A défaut d’être un agent du Mossad certains commentateurs israéliens lui reprochent une certaine irresponsabilité dans ses actes. « Il n’est peut être pas très responsable, mais il n’appartient à aucun Mossad, à aucune agence » a déclaré Avigdor Liberman, ministre israélien des Affaires étrangères.
La presse israélienne revenait ce matin sur le parcours d’Ilan Grapel en Egypte. Selon certaines sources il aurait pris contact avec plusieurs citoyens égyptiens, y compris avec des membres des Frères musulmans, afin de mieux cerner leurs ambitions. On dit aussi qu’il aurait tenté de s’infiltrer en Lybie via la frontière égyptienne, à l’aide de documents biaisés et d’une fausse identité. Si personne en Israël ne donne de crédit à la thèse de l’espion, la presse conservatrice lui reproche néanmoins d’avoir trop joué avec le feu.
L’affaire Grapel aura au moins eu l’avantage de mettre sur le devant de la scène le pouvoir militaire actuellement en place en Egypte, sous l’autorité du général Tantaoui. Un pouvoir qui suscite encore la contestation en Egypte, où se sont poursuivies cette semaine des manifestations populaires sur la place A-Tahrir (même si les grands médias en parlent moins).
Criminalité périphérique : les rues s’enflamment
Nouveau cycle de violences en Israël. Dimona, Beer Sheva et surtout Lod, sont les trois villes qui font dernièrement parlé d’elles en tristes exemples. Un homme de 48 ans a été tué par balles en pleine rue le 14 juin à Dimona. Plusieurs coups de feu ont été échangés. L’homme était connu des services de police, qui supposent un règlement de comptes entre délinquants. A moindre échelle la presse israélienne évoquait ce jour un affrontement au couteau entre deux individus à Beer Sheva. Blessés, tous deux sont actuellement hospitalisés. Mais c’est surtout Lod qui fait une nouvelle fois parler d’elle. Après un cycle de violences répétées qui fit les titres des journaux il y a plusieurs mois, à nouveau une habitante de la ville a été assassinée en pleine rue le 13 juin. Son mari et deux de ses enfants ont été blessés dans l’attaque. La ville de Lod s’illustre à nouveau par des crimes d’honneur et de sang entre familles de la communauté arabe. Aved Rabou el Marboa a été arrêté mais l’enquête policière semble montrer qu’il n’existe pas de conflit entre les familles Abou Griba (dont la mère a été assassinée) et Marboa. L’enquête s’oriente vers d’autres pistes.
On ne peut néanmoins que constater une violence qui se poursuit dans certaines villes périphériques d’Israël et une police qui, malgré les outils technologiques modernes dont elle s’est dotée, peine à recruter et se laisse trop souvent dépasser par cette criminalité.
Après 11 ans : retour au tombeau de Joseph
Un groupe de députés de la Knesset (le parlement israélien) s’est rendu le 14 juin sur le tombeau de Joseph. L’événement ne s’était pas produit depuis 11 ans. En 2000 en pleine Intifada, Israël s’était retiré de ce site, considéré comme sacré pour le judaïsme. Laissés à l’abandon, des bâtiments jalonnant le tombeau avaient été saccagés et détruits par une foule d’habitants arabes de Sichem (ou Naplouse). Depuis la fin de Souccot dernier, un nouveau bâtiment a été reconstruit et des visiteurs ont pu à nouveau visiter le tombeau, mais uniquement en pleine nuit. A cet endroit même un citoyen israélien Ben Yosef Livnat, a été assassiné il y a un mois en tentant de se rendre au tombeau. C’est la première fois qu’une visite est organisée en plein jour, depuis onze ans. Les députés ont été encadrés par Tsahal et des policiers de l’AP. Ils ont manifesté non seulement leur volonté de visiter ce site sacré et « symbole du lien profond avec la terre d’Israël », mais également leur désir de voir l’Etat d’Israël contrôler à nouveau ce site. On compte parmi cette délégation la vice-ministre Lea Nes, les députés Zeev Elkin, Arié Eldad, Tzipi Hotovely, Dani Danon, Ouri Ariel, Yaacov Katz, Michaël Ben Ari et le responsable des collectivités de Judée-Samarie Dani Dayan. Tous ont appuyé la souveraineté israélienne sur le site et en Judée-Samarie, ainsi que leur refus de laisser croire qu’Israël se retirera sous le poids des armes et des bombes.
Un site en l’honneur des combattants druzes
C’est à Dalit El Carmel, sur le mont Carmel, à proximité de la ville de Haïfa, que s’ouvrira prochainement un site dédié à la mémoire des 400 combattants druzes israéliens tombés au combat pour l’Etat d’Israël. Le vice-ministre chargé du développement du Néguev et de la Galilée Ayoub Kara, du Likoud et lui-même druze, et Reouven Pinski responsable du patrimoine au bureau du premier ministre, sont tombés d’accord pour ce lieu, avec l’appui de Benyamin Netanyahou. Le site ne se limitera pas à l’histoire des contributions druzes à la défense d’Israël mais soulignera également les relations judéo-druzes depuis l’implantation sioniste, avant même la naissance de l’Etat.
Par ailleurs le lieu choisi est ô combien symbolique puisque le bâtiment du musée est adjacent à l’ancienne maison de Naphtali Herz Imber, poète juif qui n’est autre que l’auteur de l’Hatikva, l’hymne nationale israélienne. C’est en 1882 qu’Imber s’est installé sur la terre d’Israël, lors de la grande première aliya. Il était accompagné de son ami, diplomate et journaliste, Sir Laurence Oliphant, citoyen britannique chrétien qui soutenait l’idée sioniste.
En combinant un musée en l’honneur des Druzes israéliens et l’emplacement de la maison de l’auteur de l’Hatikva, le vice-ministre Kara entend faire de ce site un lieu de tourisme pour des visiteurs du monde entier et un lieu de patrimoine privilégié. Le tout devrait être disponible d’ici une moitié d’année.