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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 09:45

Publié le 10 juin sur le site http://un-echo-israel.net

 

Par Misha Uzan

 

Entre deux bouteilles de soda sur le tapis de la caisse au supermarché, la caissière leva la tête et, surprise un bref instant, sourcilla. Derrière moi, deux femmes venaient de s’embrasser.

Voilà une scène qui fait toujours réagir, mais qui pourtant, à Tel Aviv, est très courante.

 

Gay-Pride-Israel.jpgLes uns la nomment Sodome et Gomorrhe, les autres la considèrent comme une ville libre, intellectuellement et sexuellement. Les magazines gays la qualifient de gay-friendly. De toutes les villes d’Israël, Tel Aviv est la plus ouverte à la communauté homosexuelle (gay et lesbienne). Le 10 juin 2011 se tiendra pour sa dixième édition la Gay pride, la parade de la communauté homosexuelle de Tel Aviv. Les drapeaux couleur arc-en-ciel ornent déjà les rues de la ville et on attend comme chaque année près de 100 000 personnes. Ron Huldaï le maire de la ville donnera son coup d’envoi en début d’après-midi près du Gan Méïr où vient d’ouvrir une nouvelle branche d’un centre culturel de la communauté. Les chars se déplaceront ensuite vers la rue Bograshov, avant de tourner sur Ben Yehouda, le boulevard Ben Gourion et finir comme à leur habitude sur la plage Gordon. L’événement rencontre chaque année un grand succès et dure depuis 1998. A titre de comparaison, la Love parade, littéralement la parade de l’amour, inspirée de sa grande sœur de Berlin, et qui s’est déjà tenue à Tel Aviv, ne connaît plus de nouvelles éditions depuis plusieurs années. La Gay Pride peut compter en revanche, non seulement sur le soutien de la mairie, mais surtout sur la motivation de l’importante communauté homosexuelle de Tel Aviv. En vingt ans les choses ont considérablement évolué en ce sens. On parle d’un petit San Francisco, on la dit hédoniste, on la compare à Berlin, Barcelone, New York. Tel Aviv s’est construite une réputation auprès de la communauté homosexuelle mondiale, à tel point qu’on peut parfois parler — toutes proportions gardées — de tourisme homosexuel. Un concept idéal pour un tour opérateur. Et contrairement à certaines villes où la vie homosexuelle est plus ou moins ghettoïsée, à Tel Aviv gays et lesbiennes se montrent librement dans toute la ville. On leur connaît néanmoins quelques quartiers et bars préférés. Le quartier de Sheinkin est souvent présenté comme le Soho local, le film d’Eytan fox The bubble l’a fait connaître dans les salles de cinéma du monde entier. Sheinkin reste toujours un centre névralgique gay mais la communauté s’éparpille, on trouve des cafés aux couleurs de l’arc en ciel tout près, rue King Georges, sur la plage Hilton très fréquentée par la communauté, ou un peu plus au sud de la ville, à Lilienblum près du boulevard Rotschild, à Florentine ou à Neve tzedek, le premier quartier de la ville, aux maisons anciennes restaurées. Certains bars branchés sont des noms qui évoquent quelque chose à tous les Tel Aviviens, même sans les avoir fréquentés : le Culture Club, le Guys n Dolls, le Zizi, le Rich ou le Breakfast Club. Pour en connaître tous les détails, le site www.gaytlvguide.com propose une vraie découverte gay de la ville.

 

Gay-pride-Tel-Aviv.jpgLa vie homosexuelle pourtant, ne se limite pas uniquement à la ville côtière. Dans son film Yossi et Jagger, Eytan Fox, encore lui, évoque la question de l’homosexualité dans l’armée israélienne. Sans afficher ouvertement ses orientations sexuelles dans l’armée, c’est là encore un phénomène qui n’est pas rare. Les choses posent plus de difficultés en revanche à Jérusalem. Ville considérée comme sainte par les trois religions, les événements publics homosexuels ou simplement les témoignages de préférences sexuelles y sont plus rares. La gay Pride en effet, qui ne suscite aucune controverse à Tel Aviv, fait en revanche beaucoup parler d’elle à Jérusalem. Les organisateurs se confrontent alors systématiquement à un front religieux commun : des juifs orthodoxes, des autorités musulmanes et de la plupart des représentants chrétiens. Pour autant elle n’en est pas moins à sa dixième édition cette année en 2011. L’événement ne réunit cependant généralement pas plus de 5000 personnes et se voit repousser à un parcours périphérique de la ville, et non pas au centre de Jérusalem, pour éviter un conflit avec des religieux hostiles à l’événement.

 

Enfin les choses ne sont pas toujours roses non plus à Tel Aviv. Le 1er août 2009, un homme armé tirait à plusieurs reprises à l’entrée d’un bâtiment de la communauté homosexuelle de la rue Ehad Ha’am, à deux pas du boulevard Rotschild. Le bilan fut de deux morts et près de dix blessés. Pour la première fois la communauté homosexuelle était visée de cette façon en plein cœur de Tel Aviv. Mais cette attaque reste exceptionnelle au regard des ans et de la liberté dont jouit la communauté homosexuelle. En matière de législation toutefois, Israël ne fait pas figure de leader pour le mariage homosexuel ou l’adoption des enfants par des couples homosexuels, même si la Cour suprême a ouvert la voie à certaines reconnaissances. Mais la question d’une législation touche sans doute, au sens philosophique, à d’autres principes. Il existe une différence d’ordre entre une liberté dans les faits au sein de la société civile et une reconnaissance politique en termes de lois et d’institutions. C’est un autre débat que nous n’ouvrirons pas ici.

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